Running across the city. || Ft. T0-8Y

Yeux ouverts. Il a l'air conscient. Et lorsqu'il se redresse sans prévenir, j'ai tout juste le temps de faire un pas en arrière pour éviter le coup de boule. Mes réflexes ne m'ont pas abandonnés. - Emergency shutdown. J'ai été désactivé quand vous m'avez relevé. Mon programme d'auto-diagnostique était hors ligne et a préféré me désactiver pour éviter d'aggraver de potentiels dommages. Je coûte cher à réparer. - J'acquiesce en silence, conscient qu'une machinerie pareille n'est pas gratuite à l'entretien. Et plutôt que de le scruter sous toutes les jointures, je fais deux pas jusqu'à la porte coulissante à moitié ouverte, en bordure de son lit.

La salle de bain est minuscule, blanche, tout juste propre. La douche est dans un angle, une cuvette de toilette dans l'angle en face. Un petit lavabo dans l'angle côté porte, avec un miroir en métal poli, et un tas de serviettes mal pliées dans l'angle en face. Le strict minimum, ainsi qu'un distributeur de systèmes contraceptifs et de protection hygiénique. - Aucune idée d'où on est donc. Ni de comment on est arrivé là. - En tout cas, on a de quoi se laver. C'est pas plus mal. - Dis-je en revenant. - Je dis pas juste ça parce que tu es couvert de sang. - Mais un grincement semble accaparer son attention. Inquiétant, je l'admets.

Je le laisse à son introspection mécanique et me rapproche de la porte. Serrure électronique. Fermée de l'intérieur. Quelque soit cet endroit, nous n'y sommes pas enfermé. - Mon bras est cassé droit est cassé. Je serais moins efficace en cas d'affrontement ou s'il nous faut nous évader. La majorité de mes systèmes auxiliaires sont désactivés ou endommagés, et mes armes m'ont été retirées. J'estime mon efficacité actuelle à 49% de mes capacités normales. - Un regard vers lui. - Au moins, le reste à l'air tout à fait fonctionnel. - Lâché-je dans un sourire en voyant son boxer tendu. Et puis en descendant plus bas... - Il y a un tiroir sous ton lit, tes armes y sont peut-être. Et tes vêtements. - Et si c'est le cas, les miens sont certainement sous mon lit, parce que je ne les vois pas ailleurs.

Quel est un endroit avec des lits, une salle de bain et de quoi ranger nos affaires. Un endroit dont la porte est fermée de l'intérieur, preuve potentielle que nous n'y sommes pas enfermés et... - Ha! - Sur la porte, un panneau informatif. - Règlement intérieur. Interdiction de sauter par les fenêtres. On est dans un hôtel! - Je reviens à lui, un poil soulagé. - J'espère qu'ils ont de quoi bouffer. Mais ça ne nous dis pas comment on est arrivé jusque-là. - Je traverse déjà la chambre, pour regarder dehors par la large vitre. Il fait jour. La matinée est entamée. La rue en contrebas est presque pleine à craquer. - On devrait prendre notre temps. Je ne sais pas combien de temps on a dormis, mais autant laisser nos poursuivants s'éloigner. Non?

De quoi se laver... Ils n'étaient donc pas dans une cellule de la Police d'Orophée, qui ne se serait pas embarrassée de leur fournir ce genre de confort. Suivant la remarque sur le sang qui le recouvrait, il fit passer le t‑shirt tâché au dessus de sa tête non sans difficulté, tâchant de ménager son bras droit, toujours endommagé. Le commentaire suivant en revanche le fit s'immobiliser.

- Quoi ?..

Les sourcils froncés par la confusion, il baissa les yeux, en suivant le regard de Darren, s'arrêtant au niveau de son propre entrejambe. Une sensation étrange se répandit dans son corps, sans qu'il soit vraiment apte à la reconnaître, désagréable, comme une chaleur moite qui se serait mise à pulser sous sa peau. Il ne se souciait pas du regard des autres. Jamais. Son régulateur émotionnel  se chargeait de supprimer tout sentiment superflu pour le garder efficace... Son régulateur émotionnel qui était actuellement hors ligne... Il eu soudainement envie de disparaître. Ou du moins de pouvoir se soustraire au regard amusé de l'humain.

- Qu.. Je suis pas... C'est pas supposé faire ça.

La réflexion de Darren quand au tiroir sous le lit lui offrit un distraction parfaite pour échapper au sentiment inconnu, et il se mit rapidement à fouiller dans celui-ci, y trouvant effectivement ses armes et le reste de ses vêtements.

> Elevated Heart Rate Detected //
> Heartbeat Regulator Offline //
> Problem Correction Unavailable //

Ignorant le diagnostique improductif, il tira de sa veste une petite capsule métallique, dont il pressa l'un des boutons. Celle-ci émit un bip bref, puis un chuintement continu alors qu'elle décompressait le set de vêtements de rechange qu'elle contenait.

- Ha! Règlement intérieur. Interdiction de sauter par les fenêtres. On est dans un hôtel!

Un hôtel ? Est-ce qu'ils étaient parvenu à rejoindre le Tarzian'n d'une manière ou d'une autre ? Le contexte autour de leur mission ne cessait de s'obscurcir. D'abord l'ambuscade, puis l'arrivée plus que rapide des forces de l'ordre, et alors qu'ils auraient dû se trouver arrêtés par celles-ci, une aide inconnue les avaient aidé à parvenir en sécurité jusqu'à l'hôtel.

Il se redressa, ses vêtement propres jetés sur son bras valide, tenu devant son bas-ventre, de sorte à camoufler son... Dysfonctionnement actuel. Se dirigeant vers la salle d'eau, il répondit à Darren, désormais près de la fenêtre.

- Prendre le temps de les laisser s'éloigner oui. Mais aussi de comprendre comment on est arrivés ici.

La situation lui déplaisait, il ne se sentait pas en contrôle de quoi que ce soit, pas même de son propre corps. La partie organique de celui-ci lui jouait des tours, et son cerveau, sans l'aide des régulateurs qui l'assistaient habituellement,  fourmillait de pensées et de sensations qu'il ne parvenait pas à comprendre, ni à maîtriser.

Pénétrant dans la salle d'eau, il attrapa l'une des serviettes empilées maladroitement dans un coin, et humidifiant celle-ci, il entreprit de nettoyer son torse des traces de sang qui le marquaient encore. Vu l'état de son bras, autant éviter la douche qui risquait de causer un court-circuit, son étanchéité n'étant pas optimale dans l'immédiat.

Qu.. Je suis pas... C'est pas supposé faire ça. - Si, si. - Avait-je ajouté, amusé, avant de remarquer le tiroir. L'expression de confusion sur son visage avait quelque chose de surprenant. Comme si ses traits n'y étaient pas habitué. Est-ce seulement une impression? Aucune idée. Je suis de toute façon déjà trop occupé à regarder dehors, pendant qu'il s'occupe de ses affaires. - Prendre le temps de les laisser s'éloigner oui. Mais aussi de comprendre comment on est arrivés ici. - Bah on est pas arrivé par magie, ça c'est certain. - Lâché-je en tournant la tête vers lui. Seulement là je réalise sa quasi nudité, et si en d'autres circonstances j'aurais pu remarquer certaines choses, cette fois je remarque surtout les nombreuses cicatrices qui courent sur sa peau.

Ses jambes, ses bras sont parcourus des lignes mécaniques. Ouvertures de compartiments et câblages en tout genre. J'en ai eu un aperçu. Une vision... perturbante. Son torse, pourtant, est différent. Plus propre. Les cicatrices nettes. Chirurgicales. Comme les miennes. Enfin, certaines des miennes. Mais les siennes sont plus nombreuses, et sous la peau, d'autres choses prennent forme. Et lorsqu'il ferme la porte, mon regard sur son corps est obstrué. Tant pis. Ça n'a rien de surprenant, après tout. Le gars est en partie robot. Pourquoi cette fixation? On a tous des cicatrices, ça ne fait aucune différence.

Un dernier regard à l'extérieur, pendant que j'entends l'eau se mettre à couler, et je me retourne vers mon lit. Le tiroir, que j'ai raté à mon réveil. Je m'accroupis devant, sens le tissus collant à ma peau et me débarrasse du t-shirt mouillé. Une douche, j'en rêve presque, pendant que l'air frais sur la peau humide me fait frissonner. Dans le casier coulissant se trouvent toutes mes affaires, y compris notre précieux colis, toujours à l'abris de la poche dans laquelle je l'avais mise. Qui a rangé ça là? Qui a rangé nos affaires? Qui nous a installé dans les lits? Et pourquoi? Pourquoi nous aider?

Un spasme musculaire crispe mon pouce et une partie de ma main. Le bout de mes doigts est usé. Comme brûlé. Je ne sens pourtant rien, rien de plus que ce spasme qui passe comme il est venu. Probablement un faux mouvement, ou un coup. Ou mon corps qui réagit au stress de la fusillade et de la situation. - Tout est encore là. - Lancé-je à T0, à travers la cloison, pour lui signifier que le colis était là, sans pour autant le dire clairement. Autant éviter d'énoncer notre mission, au cas où on nous écouterait.

Je jette mes vêtements sur la chaise, à côté du lit. Ainsi que mon sac, que je laisse à ses pieds. Attendre? Alors j'attends. Je m'étale sur le lit et remarque un petit boitier sur l'étagère de chevet, ainsi que plusieurs encoches dans le mur en face, à côté de la porte de la salle de bain. Alors j'attrape la télécommande et active le système de divertissement. Au programme? Un documentaire qui montre une magnifique foret. Très similaire à mes souvenirs de la Terre, d'ailleurs. À part les fruits étincelants et la faune étrange. Clairement pas terrestre ça.

- Tout est encore là.

Le colis. Entre le réveil et la confusion qui s'en était suivi, il en avait oublié le collis, objet même de la mission qui leur avait été confiée. Quelque chose clochait définitivement chez lui, l'IEM avait dû l'atteindre bien plus que ce qu'il pensait. Il n'était pas fait pour réfléchir autant, pour éprouver autant de sensations. On lui avait dit et répété, les régulateurs étaient là pour corriger les imperfections de son système central, ajoutés petit à petit pour corriger les bugs et le rendre plus efficace. Son rôle était de suivre les ordres du Kan'Rah, de se battre quand nécessaire, d'éliminer les cibles qu'on lui confiait. Pas de pondérer sans cesse sur des éléments qui n'avaient rien à voir avec ses ordres ou de se pencher sur ses propres états d'âme causés par les dysfonctionnement de son système.

Il enfila ses vêtements propres, se passa un coup d'eau sur le visage, comme pour effacer les pensées parasite qui continuait d'occuper son esprit. Il fallait qu'ils éclaircissent les conditions de leur arrivée dans l'hôtel, et qu'il fasse ensuite réparer ses pièces défectueuses afin de retrouver son calme habituel. Sans quoi, il allait finir par griller son unité centrale.

Respirant un grand coup, il reposa la serviette sur un étendoir prévu à cette effet, et rouvrit la porte qui menait à la chambre.

Ses yeux se posèrent immédiatement sur Darren, allongé sur son lit juste en  face de lui, et le peu de calme mental qu'il avait retrouvé se trouva balayé par de nouvelles questions. Il avait déjà remarqué la similitude physique entre les quelques humains fraîchement arrivés sur Orophée et lui même, ainsi que le reste des quelques androïdes qui peuplaient la planète, mais sans jamais s'attarder dessus. En cet instant, où le physique presque entier d'un des représentants de cette espèce lui était visible, et où son cerveau ne semblait vouloir cesser de réfléchir plus que de raison, il ne pu s'empêcher de remarquer la similarité de leur designs respectifs. Il fronça à nouveau les sourcils. Trop de question. Il n'avait pas envie de réfléchir. Il voulait juste réparer son inhibiteur et retrouver le calme habituel de ses pensées.

- La place est libre. Il faudra qu'on trouve quelqu'un apte à me réparer ensuite. Je suis... Mes fonctions cognitives sont instables et risquent de compromettre mon efficacité.

Quelques longues minutes s'écoulent, durant lesquelles j'observe avec une attention vaseuse les paysages défiler sur le mur. À l'écran. L'écran est le mur? Non, les encoches tissent une toile holographique, toile sur laquelle s'affichent les images. Enfin, peu importe la technologie. Les paysages sont magnifiques. La foret est vite passée et un segment au sujet d'un désert aride est venu. Des créatures en voie d'extinction. Un genre de reptile à plume colorée, dont les plumes reflètent la lumière comme des panneaux solaires. Problème? La pollution embrume le ciel, diminue l'apport en lumière et donc ces animaux dépérissent. Et le plus ils restent exposés à la surface, le plus ils risquent de se faire bouffer par des prédateurs. Triste. Inquiétant. Que puis-je y faire? Ce n'est pas comme si j'avais les moyens de régler le problème, ni que j'étais vraiment un pollueur. Et encore moins sur cette planète.

La porte coulisse. T0 sort de la salle d'eau, tout habillé et propre. Je ne suis pas quelqu'un de pudique, mais la façon dont il me regarde, à la volée, me fait bizarre. - La place est libre. Il faudra qu'on trouve quelqu'un apte à me réparer ensuite. Je suis... Mes fonctions cognitives sont instables et risquent de compromettre mon efficacité. - Je me redresse. M’assoit au bord du lit. - Je connais quelqu'un, dans le coin. Un gars pour qui j'ai fais quelques livraisons. Le juste milieu de fiabilité pour ce qu'on veut, sans nous attirer plus d'attention. - La vérité, c'est que je n'ai jamais eu à faire à lui en ce qui concerne des réparations, mais je sais pour qui je travaille. Je sais que les livraisons que j'ai pu faire pour lui n'étaient pas toujours très légales. - On devrait pouvoir trouver un terrain d'entente.

Je me lève, sautille d'un pied sur l'autre à cause d'une petite crampe, et me dirige vers la porte intérieure. - C'est Se'tev Kal. Sa boutique à dans le quartier, si tu veux vérifier. - Pas que je m'attende à ce qu'il aille faire du repérage, mais n'importe quel hôtel de cette planète a accès au réseau. De quoi faire quelques recherches. Et pendant ce temps, je ferme la porte. Et puis je la rouvre. - Pardon. Séchage oblige. - J'attrape mon t-shirt humide, et mon sac, et retourne m'enfermer. Le t-shirt est suspendu au portique chauffant, sous sa serviette. Mon boxer atterrit par terre et mon cul blanc passe sous la douche.

L'espace est minuscule. Un carré dans lequel je peine à lever les bras tellement les murs sont proches. Je suppose que dans un endroit pareil, la discrétion prévaut sur le confort, mais tout de même. Aucun respect pour les grandes personnes. Je me cogne plus d'une fois, notamment les coudes et les genoux. Et la tête, une fois, contre le mur. Ne me demandez pas comment. Et le savon fournit par le distributeur sent vraiment fort. Je ne devrais pas me plaindre autant. L'eau pourrait être froide. On pourrait être morts. Comment est-ce qu'on est arrivé ici?

Se'tev Kal. Le nom lui était inconnu, mais une recherche rapide sur le réseau de la ville aurait tôt fait de lui donner des informations utiles au sujet de celui-ci.

Darren ne tarda pas à rejoindre la salle de bain, n'en ressortant que brièvement pour récupérer son t-shirt trempé, et il se retrouva seul dans la chambre, face à l'écran qui diffusait toujours son documentaire sur les tarahskki en voie d'extinction. S'approchant du mur, il tira un câble d'une petite plaque s'ouvrant au bas de sa paume, et vint brancher celui-ci sous le dispositif d'affichage, prenant le contrôle mental de l'appareil. Au moins un truc qui n'avait pas grillé avec le reste...

De l'autre côté de la cloison, l'eau se mit à couler, en même temps que les informations sur Se'tev Kal s'affichait sur le mur. Le commerçant dont avait parlé Darren avait visiblement l'habitude de traiter avec les androïdes, et diverses organisations plus ou moins recommandables d'Orophée, et était visiblement réputé pour sa discrétion, tant que ses tarifs étaient respectés. Il ferait donc l'affaire, en espérant qu'il dispose des pièces nécessaires.

Il débrancha le câble de l'encoche murale, le laissa se rétracter et disparaître à l'intérieur de son poignet. Sur l'écran holographique, le documentaire réapparu, étant visiblement passé à une autre des espèces menacées de la planète. Il se détourna, préférant se diriger vers la fenêtre, inutile de s'ajouter de quoi réfléchir tant que son esprit était aussi peu fiable.

Un choc résonna dans la salle d'eau, son système d'analyse resta muet. Il résista à l'envie d'aller vérifier l'origine de celui-ci. Garder un œil sur l'humain n'impliquait pas d'avoir à le surveiller chaque seconde. Il doutait que l'observer prendre une douche aiderait à attester de sa fiabilité, et le colis étant toujours dans le sac sous le lit, il ne risquait pas de tenter de s'enfuir avec. Un deuxième bruit de choc retenti, et il tourna la tête vers la cloison qui séparait la chambre de la salle de bain. Il se sentait aveugle sans les processeurs qui s'occupaient habituellement de seconder ses sens pour déchiffrer ce qui se passait autour de lui. Impossible de dire à quoi le bruit était dû.

Les minutes continuèrent à s'écouler, et là où il aurait habituellement pu attendre longtemps sans bouger, il se se sentait incapable de le faire à cet instant précis. Quelque pas l’amenèrent à nouveau à la porte de la salle de bain, et il frappa deux coups de la main gauche contre le panneau métallique de celle-ci.

- Vous allez rester là-dedans encore longtemps ? On est pas exactement là pour se la couler douce.

Le savonnage est compliqué. Après tout, l'espace restreint mes mouvements. Et j'ai beau profiter de l'eau chaude qui détend mes muscles et les nombreuses tensions qui me font obstacle, je ne veux pas non plus rester là toute la journée. Cela dit, je perds ma concentration lorsque l'eau commence à picoter le bout de mes doigts. Les brûlures, désagréables. Pas douloureuses, heureusement, mais je les sens malgré tout. Et deux coups sont données contre la porte. - Vous allez rester là-dedans encore longtemps ? On est pas exactement là pour se la couler douce. - Je fais ce que je peux. T'as qu'à venir me faire le dos, ça me gagnera du temps! - Je suis sérieux uniquement sur le principe, parce que le plafond est bas et j'ai du mal à passer les mains dans mon dos. Dans la pratique, je me doute bien qu'il ne viendra pas. Cela dit, ça me gagne quelques minutes supplémentaire pour réussir à vaincre.

La douche achevée, je coupe l'eau et me sèche en vitesse. Non sans me cogner quelques fois de plus. La serviette remplace le t-shirt. Il est encore un peu humide, mais l'essentiel s'est évaporé. Du sac, je tire un boxer propre, gris clair, et l'enfile avant de fourrer le sale dedans et sortir de là, la peau encore luisante d'humidité. - La douche est minuscule. J'avais du mal à bouger. - La douche est de taille normale, c'est juste moi qui suit immense. Mais bref, peu importe. Mon sac atterrit sur le lit et je m’attelle à m'habiller. Une tâche qui, sauf paralysie impromptue, ne devrait pas prendre longtemps. - Tu as trouvé le gars? C'est bon?

Darren prêt, ils ne tardèrent pas sortir de la chambre d'hôtel, descendant rapidement à l'étage le plus bas du bâtiment. Sortant de celui-ci, ils se retrouvèrent rapidement dans l'agitation des rues les plus larges d'Orophées, celles-là même qu'ils avaient évitées jusqu'alors. L'afflux sensoriel sans filtre failli le faire renoncer. Il se contenta de s'éloigner de la grande avenue, lui préférant des axes de taille plus modeste, sans pour autant s'enfoncer dans les ruelles les plus désertes et mal famées de la métropole. C'était dans celles-ci qu'ils avaient été victime de l'ambuscade, et il ne se sentait pas d'entamer un combat du même acabit dans l'état actuel des choses.

Leur marche ne dura pas un temps excessif, les coordonnées rentrée dans le système de guidage de Darren les menant rapidement à la boutique de Se'tev Kal. Il descendirent néanmoins plus profondément dans les étages les plus bas de la ville, où la lumière naturelle était presque inexistante. L'atelier de réparation robotique était coincé entre un bar miteux et une échoppe à l'abandon dont la porte était barrée d'un scellé des forces de l'ordre. Pas le quartier le plus recommandable, mais rien d'étonnant si le propriétaire souhaitait garder son activité relativement discrète, et il avait déjà vu bien pire. Surveillant que Darren le suivait toujours, il pénétra dans la boutique. L'espace intérieur était jonché de pièces détachées et de robots de formes diverses et variées en plus ou moins bon état, couvrant toutes les étagères qui surchargeaient les murs et les présentoirs branlants disséminés un peu partout. Derrière son comptoir à l'autre bout de la pièce, celui qui devait être Se'tev Kal ne leva d'abord qu'une paire d'yeux vers eux, l'autre restant focalisée sur le travail de soudure sur lequel il était penchée, mais en l'apercevant, il s'interrompit dans son ouvrage pour relever entièrement la tête, un sourire ravi venant découvrir un rangée de dents jaunies.

- Une unité 8Y... Je croyais qu'aucun de vous n'avait jamais quitté l'entrepot...

Essuyant deux paires de mains sur son pantalon, le commerçant fit rapidement le tour de son comptoir pour s'approcher d'eux.

- Que me vaut le plaisir de votre visite ? Aaaaah, votre bras est abîmé... T-t-t-t-t... Un tel chef d'oeuvre endommagé, quelle tristesse, hm ?

Ignorant complètement Darren, Se'tev se mit à l'observer de près, avec l'admiration qu'on aurait pour une pièce de musée, tournant rapidement autour de lui pour l'inspecter sous tous les angles.

- Pas que le bras, hm ? Ce devait être un adversaire redoutable pour abîmer autant un 8Y... Allons, suivez moi derrière, nous allons voir tout-ça.

Sans attendre de réponse, le propriétaire des lieux fit volte face, retournant vers le comptoir, et la petite porte qui se trouvait derrière celui-ci, menant probablement à un plus grand atelier en arrière-boutique. T0-8Y lui emboita le pas, tout en faisant un signe de la tête à Darren de le suivre.

- Restez proche. Je préfère vous avoir à portée de vue.

Autant pour le protéger que de le surveiller. La situation, aussi imprévue et compliquée soit-elle, ne lui faisait pas oublier sa mission, surveiller et évaluer.

L'arrière salle était encore plus encombrée que la partie du commerce destinée à la vente. Des établis automatisés s'agitaient dans un ballet chuintant, travaillant chacun sur diverses réparations simples au milieux d'un fratras de pièces et d'outils entreposés sans logique apparente. Les murs empestaient un mélange d'essence et de plastique brûlé, et au centre de la pièce se tenait un dispositif de grande taille, sorte de cercle métallique de deux mètres de diamètres posé sur un socle, et auquel s'attachaient une multitude de bras mécaniques pour le moment immobiles.

Se'tev Kal tira une chaise et lui fit signe de s'asseoir, ignorant toujours Darren pour le moment. Il s'exécuta alors que le commerçant s'activait à rassembler divers outils de diagnostique et à venir s'installer près de lui sur un tabouret flottant à quelques centimètres du sol.

- Aaaaah, même endommagé, toujours un chef d'oeuvre, hm.. T-t-t, vous devriez faire plus attention... Les pièces pour réparer vos modèles sont presque inexistante, hm ? Je suis peut être le seul à savoir comment les fabriquer. Votre bras je vous prie.

Se'tev lui attrapa le poignet, venant tirer son câble de synchronisation à la base de sa paume pour le brancher à une petite tablette qu'il tenait dans une autre de ses mains. Les informations de diagnostique commencèrent à défiler sur l'écran, sans parvenir à défaire l'air ravi du commerçant. Les autres outils furent employer à le scanner, émettant chacun une séries de bips avant que les informations collectées ne rejoignent à leur tour le diagnostique toujours grandissant qui s'affichait sur l'écran.

- Beaucoup de dommages, t-t-t-t-t-t... Je peux en réparer beaucoup, mais pas tout, pas parfaitement... Et le prix...

L'amateur d'androïdes braqua deux de ses yeux sur son petit écran, et son sourire s'effaça enfin un peu.

- Le prix ne devrait pas poser problème à vos propriétaires, hm ? Un parfait outil comme vous, ils seront près à payer cher, hmm... Je leur enverrai la note, oui.

Deux des mains du commerçant tapèrent l'une contre l'autre d'un air décidé, et il reposa l'ensemble des outils sur l'établi le plus proche, avant de pointer vers l'énorme appareil occupant le centre de la pièce.

- Bien, bien. Enlevez votre haut et monter sur la plateforme, hmm. Je vais réparer tout ça.

Il se releva, et enleva rapidement son t-shirt comme demandé avant de se diriger vers la plateforme, alors que Se'tel semblait enfin remarquer la présence de l'humain dans la pièce. Il s'adressa seulement distraitement à lui, tout en tournant autour de la salle pour rassembler de nouveaux outils et pièces de rechange, sachant parfaitement où trouver quoi dans ce fouillis mécanique.

- Vous, prenez-donc la chaise, hm ? Tout ça va prendre un moment, oui.

Il l'avait trouvé. Le gars. Se'tev Kal. Alien à quatre bras à l'échoppe enfoncée dans les profondeurs moins recommandables d'Orophée. Étrangement plus souvent ma destination que mon point de départ. Ou peut-être pas si étrange que ça, si on y pense. Enfin, peu importe. T0 ouvre la marche et je le suis de prêt. Je ne suis pas du genre à être effrayé facilement, j'ai au moins réalisé ça en travaillant seul, mais la situation est différente. On nous a déjà trouvé la veille. Ça pourrait recommencer. Et on ne sait toujours pas comment les choses ont pu tourner en notre faveur, alors reproduire l'expérience n'est pas quelque chose que j'espère. Donc je reste dans son sillage. Et s'il y avait eu assez de lumière ici bas, j'aurais pu jouer le rôle de son ombre. L'atelier n'est pas difficile à trouver, et l'espace d'un instant j'hésites à suggérer un verre dans le bar voisin, mais autant rester discret. Alors nous entrons. Peut-être qu'on pourra avoir une bouteille à l’hôtel.

Et comme la dernière fois, Se'tev Kal ne lève pas la tête. Ah si. En fait, si. Mais pas pour moi. Est-ce que je joue un peu trop bien le rôle d'ombre? Non. Il est juste totalement captivé par T0, à un point presque bizarre. - Si tu vois un truc dans son pantalon, c'est probablement pas son tournevis. - Avais-je lancé. Bien sûr, Se'tev Kal n'avait rien entendu. Ou tout du moins, rien écouté. Et bien sûr, tout naturellement, je le laisse idolâtrer l’androïde avec bien trop d'attention. Pendant ce temps, je me balade dans la boutique, pas spécialement concerné même si j'écoute d'une oreille distraite. Et quand Se'tev Kal tourne les talons, je me retourne, croisant le regard de T0. - Restez proche. Je préfère vous avoir à portée de vue. - Je ne comptais pas rester tout seul ici, de toute façon. - Lancé-je en les suivant. Rester-là, seul, à une petite paroi d'écart de la rue, là où des troupes ennemies pourraient s’agglutiner? Non merci.

L'arrière boutique a beau être une salle bien plus grande, elle est également bien plus bordélique. Un bordel qui semble n'avoir aucun secret pour l'alien, mais tout de même. Au centre, une structure métallique. Un socle circulaire que j'ai déjà vu, ailleurs, en  bien meilleur état chez d'autres réparateurs moins douteux. Il fait s'asseoir T0 pour scanner ses entrailles et tout le reste, et je reste dans le dos de l'alien, les bras croisés, le regard fixé sur les appareils en marche comme si j'allais les exploser au moindre problème. Au moins, il semble connaitre nos employeurs et ne pas avoir peur de leur envoyer la facture. Je suppose que T0 a l'habitude de ce genre de transaction. Quelqu'un doit bien payer, et s'il appartient à ces gens-là...

Lorsque T0 se lève et retirer ses vêtements, je laisse mon regard dériver à nouveau sur son torse aux reliefs artificiels avant de le laisser suivre les mouvements de Se'tev Kal dans le fourbis qui nous entoure. - Vous, prenez-donc la chaise, hm ? Tout ça va prendre un moment, oui. - Thanks. - T0 monte sur son piédestal. Moi, je récupère la chaise sur laquelle il était. Se'tev Kal revient avec le matériel et se met au boulot. Les bras mécaniques s'agitent. Un halo de lumière signifie que le champ de lévitation électromagnétique est activé et aussitôt, T0 se met à flotter. Stable. C'est amusant à voir. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais été en état de zéro gravité. Et puis quand Se'tev Kal commence à travailler sur les terminaisons nerveuses son visage se tend, et je réalise que c'est plus si amusant.

Ses traits se crispent. Sa mâchoire se serre. Sa peau rougie? Et dans son regard, dans l'air qui l'habite, une forme de détresse inédite se manifeste. Comme si même son propre corps ne la reconnaissait pas. De quoi me raidir sur ma chaise. Et à la vision d'une grimace plus forte que les autres, je ne peux me retenir. - Hey, go easy on him. - Il marmonne quelque chose. Ne semble pas vraiment concerné. - You heard me, Se'tev Kal. Be gentil, or they won't. - Son dos se redresse sensiblement. Ai-je autorité pour parler au nom du Kan'Rah? Non, mais il n'en sais rien. Et accessoirement, je peux faire autant de dégâts qu'eux si je le décide. Mettre mes menaces en pratique ne serait pas un soucis. C'est pour ça que je garde mes yeux rivés sur lui. Une façon de lui rappeler de rester sage, mon regard brûlant sa nuque.

Il avait déjà éprouvé de la douleur, un peu. Mais rien de ce niveau, les inhibiteurs le gardaient efficace en cas de blessures, limitant la sensation diffusée par celles-ci à une vague impression de picotement, de sorte qu'il soit conscient d'être endommagé, sans pour autant que la douleur ne diminue son efficience. En cet instant, ses inhibiteurs toujours hors service, il ressentait parfaitement les connexions nerveuses de son bras déconnectées une à une. Il avait envie de hurler, de désactiver ses fonctions cérébrales. Non, de se libérer de sa prison anti-gravité actuelle et de tailler Se'tev Kal en pièce. Il resta immobile, le visage crispé, maintenu en place par l'appareil dont se servait l'alien pour le réparer plus facilement, chaque manipulation de celui-ci envoyant une nouvelle décharge à travers son corps. La douleur devint intenable, et sa vue commença à s'obscurcir...

...







> Traumatic Memory Detected //
> Psychological Integrity Compromised //

> Memory Manager Activated //
> Locating Memory................. //
> Accessing Memory.............. //
> Isolating Memory................... //
> Working............. //

> Memory Successfully Removed //
> Resuming Main Functions.... //

Lorsque ses yeux se rouvrirent, la douleur n'était plus que diffuse, s'évaporant peu à peu. Son bras était à nouveau entier, et rattaché au reste de son corps. Plus de trace du panneau défoncé. Se'tev Kal n'était plus penché sur lui. L'alien avait reculé d'un pas et était à demi-tourné vers un Darren à l'air contrarié.

- C'est, fini, hmmmm, vous voyez ? Plus de douleur, non. Reconnecter les nerfs, ça n'est jamais facile ni indolore... T-t-t... Je ne pouvais faire autrement, hm ?... Maintenant je répare le reste, oui ? Inutile de menacer Se'tev Kal.

Se détournant de l'humain, le réparateur se remit à l'ouvrage, changeant puces et implant sous-cutanés de son torse, travaillant minutieusement à remplacer au mieux ses systèmes encore défaillant. Si l'opération n'avait rien de particulièrement confortable, on était bien loin de la douleur que la réparation de son bras avait engendré.
Les minutes continuèrent de s'écouler, Se'tev Kal travaillant avec minutie, assisté des bras mécaniques qui s'agitaient tout autour de lui. La matinée touchait à sa fin lorsque enfin le réparateur sembla évaluer son oeuvre comme achevée, et recula d'un pas, admirant le résultat avant de se retourner à nouveau vers l'humain, tout en désactivant la bulle antigravité, le laissant retrouver la terre ferme.

> System Diagnostic: Running....... //
> Checking New Componants............... //
> All Systems Back Online //
> Physical Integrity Restored //

- Alors... Presque comme neuf, hmm ? Tout devrait marcher normalement à nouveau, oui... J'ai aussi installé un module de protection contre les surcharges énergétiques, hmm ? Comme ça plus de systèmes grillés, oui ? Une pièce rare comme vous, abîmée... T-t-t-t-t-t... Ca brise le coeur de Se'tev Kal, oui...

Il resta un moment silencieux, se contentant d'aller récupérer son t-shirt et sa veste qu'il avait laissé dans un coin et de les enfiler tous deux. Puis il revint vers les deux autres.

- Tous mes systèmes fonctionnent à nouveau. Votre travail est parfait. Le Kan'Rah sera informé de votre efficacité.

Le visage de l'alien se fendit à nouveau d'un sourire jaunâtre, alors que celui-ci frottait deux de ses mains d'un air satisfait.

- Parfait, parfait, oui. Voyons pour le payement maintenant, hmm ?

Le propriétaire des lieux les contourna, se dirigeant à nouveau vers la porte pour repasser dans la partie plus officielle de la boutique.
Il ne parvint jamais jusqu'à celle-ci.

> Assassination Mode: Activated //
> Target Acquired //

Le marchand eut à peine le temps de lui tourner le dos, son avant-bras gauche s'ouvrit, laissant la lame qui s'y dissimulait se déployer avec un chuintement presque imperceptible. Un pas en avant, un coup. Le bout de métal traversa le crâne de Se'tev Kal. Un pas en arrière, un geste de traction. La lame quitta sa cible et se rétracta, disparaissant aussi vite qu'elle ne s'était déployée. Le corps sans vie du commerçant s'écroula au sol. Ses yeux à lui étaient déjà tournés vers Darren.

- Too many sensitive informations. Had to take him out.

Il enjamba le cadavre qui commençait à se vider de son sang, tachant le béton d'une flaque jaune grandissante.

- Let's get back to the hotel now. We're standing there for the night and leaving tomorrow first thing in the morning.





> Psychological Instability Detected //
> Emotion Inhibitor Failing //

Les excuses de Se'tev Kal m'importent peu. Je suis persuadé qu'il aurait pu être plus doux. Plus prévenant. Pour autant, je ne dis plus rien. Le mal est déjà fait et cette partie des réparations est terminée. Le reste ne devrait pas être si problématique, et effectivement, ça a l'air d'aller. Que ressent-il? La sensation des mains et outils dans ses entrailles? Ces puces et circuits lui semblent-ils, d'ailleurs, comme ses entrailles? Sent-il une douleur? Une tiraillement? Un inconfort? Ou rien du tout?

Se'tev Kal désactive la bulle d'anti-gravité et T0 retrouve la stabilité du sol sous ses pieds. Avec ce nouveau module, plus aucun risque d'être pris par surprise par ce genre de canon à IEM. C'est une bonne chose, surtout si d'autres de ces types nous trouvent. Pas que je l'espère, mais je m'y attends. Je ne suis pas si naïf. - Tous mes systèmes fonctionnent à nouveau. Votre travail est parfait. Le Kan'Rah sera informé de votre efficacité. - Parfait, parfait, oui. Voyons pour le payement maintenant, hmm ? - Et le voilà qui se dirige vers la porte.

T0 fraîchement rhabillé le suit. Moi, dans leur sillage, marche à pas lents tout en observant encore autour de moi. Distrait. C'est le bruit sourd du corps de Se'tev Kal, lorsqu'il rejoint le sol, qui attire mon attention. Et la flaque jaune grandissante n'aide pas à dépeindre une belle image. - Too many sensitive informations. Had to take him out. - Oh bullshit! - Lâché-je sans même y réfléchir. Combien de façon cette planète peut-elle receler de retirer la mémoire d'une personne? Un produit chimique? Une drogue? Des électrochocs? Je sais que certaines sociétés ont développé des recalibrateurs mémoriels qui remplacent les souvenirs par d'autres. Une organisation comme la sienne y aurait certainement accès, s'ils le voulaient. - Let's get back to the hotel now. We're standing there for the night and leaving tomorrow first thing in the morning. - Yeah, right. And when the job is done, are you planning on killing me too?!

Je le suis. Hors de question de rester-là de toute façon. Et tant que nous étions à l'intérieur, je ne mesurais pas le volume de ma voix, mais une fois la porte passée, je ne suis pas stupide au point d'attirer toute la foule. Même si ma colère n'en est pas pour autant diminuée. - La légitime défense c'est une chose que je peux comprendre, mais ça? Ce n'était pas nécessaire. Et encore moins discret. - Ajouté-je en m'assurant qu'on n'entende pas. - Un alien amnésique vaut mieux qu'un cadavre. Si tu voulais qu'on nous suive à la trace, t'as probablement bien réussi ton coup. - Acerbe. Sec. Mauvais? Ouais. Mauvais. Bizarrement, si un réparateur venait lui rappeler la douleur de ses terminaisons nerveuses, je ne le défendrais peut-être pas, cette fois.

Colère. Inutile de lancer une analyse vocale ou du visage de Darren pour s'en rendre compte. L'humain n'avait pas apprécié son geste. À quoi s'était il attendu ? Il n'était pas là pour faire dans la finesse, seulement pour traquer et éliminer les menaces et éventuels opposants gênants du Kan'Rah. Se'tev Kal possédait des information à son sujet. Il savait pour les T0, il savait pour qui il travaillait. Deux informations qui additionnées mettaient en danger sa raison d'être. Il n'avait pas d'identité, n'était qu'une arme au service de ses propriétaires. Et dès lors que quelqu'un savait que ceux-ci possédaient une arme telle que lui... Il devenait nettement moins efficace.

- I'm a weapon. Killing people is what I do. You didn't seem to care when it was those guys shooting at us. And they were potentially less dangerous to the Kan than Se'tev Kal was.

> Emotion Inhibitor Failing //
> Psychological Instability Detected //

Sa vision se teinta momentannément de vert alors que l'anneau de son iris clignotait brièvement de cette couleur. Il cligna plusieurs fois des yeux, comme pour chasser celle-ci.

> Stabilizing... //

Encore un ou deux clignements, pour s'assurer que tout était bien revenu à la normale, il releva à nouveau la tête vers l'humain, plantant son regard à nouveau jaune dans les yeux toujours furieux de celui-ci.

- And no, you are no threat to the organization or to me. So I have no need to kill you. You're an asset in their eyes. They'd rather like you stay alive.

Il commença à s'éloigner de la boutique, dans l'idée de regagner les étages intermédiaires de la ville où se trouvait leur hôtel.

- Any other remark or question?