Running across the city. || Ft. T0-8Y

Ça m'a pris quelques temps pour m'adapter, c'est évident. Faut dire qu'être relâché d'une prison, parce que ça en était une, dans une ville pleine d'aliens, c'est déjà pas mal. En plus, on nous annonce que la Terre a explosé. Et en plus je ne me souviens pas de grand chose. Bref, ouais, aussitôt que j'ai découvert quels ont les alcools locaux que je peux consommer, j'en ai vidé quelques bouteilles. Et j'ai dû les payer en faisant la plonge, mais ça valait le coup.

Mais, et après? Il m'a fallu trouver quoi faire de mon cul. J'ai commencé par faire quelques livraisons pour le patron de bar qui m'avait laissé boire à son comptoir. Puis quand j'ai réalisé plutôt bien me repérer en ville, j'ai un peu élargie ma clientèle. Oui, parce qu'il fallait bien financer mes beuveries. Truc marrant quand on fait le coursier dans une ville pareille, on tombe sur des gens étranges. Et là, je ne parle pas même pas des différences de races.

Est-ce que c'est vraiment nécessaire? - Avais-je dis à mon potentiel nouveau client. Il me demande de transporter un petit paquet de l'autre côté de la ville. Une boite en métal rectangulaire pas plus grande qu'un gros téléphone portable. Rien d'encombrant en soit. Ce n'est pas ça le soucis, pas plus que l'instruction formelle de ne pas emprunter le moindre transport en commun ou sécurisé. Non, mon soucis est le plus gros paquet qui vient avec le premier. - Je n'ai pas besoin d'une escorte, je sais encore ce que je fais.

Le Kan'Rah. Une organisation qui avait su étendre ses ramifications dans l'ombre d'Orophée, en établissant d'abord toutes sortes de traffic à travers la ville, avant de se mettre peu à peu à infiltrer quelques un des postes hauts-placés, afin de terminer d'asseoir son influence grandissante. Il travaillait pour le syndicat du crime depuis maintenant près d'un an, d'aussi loin qu'il se souvienne. Ses débuts parmi eux étaient assez flous, sa mémoire ayant été altérée de sorte qu'il ne conserve aucune information cruciale sur son ancien propriétaire. Mais il avait rapidement trouvé sa place dans l'organisation, servant majoritairement de garde du corps, de collecteur de fonds, ou de nettoyeur, quand certains habitants de la ville devenaient trop gênants au goût des tête pensante du Kan'Rah.

Pour l'heure, il se tenait immobile, en retrait par rapport à Saerlith. Le Tholel était occupé à donner le détail de la mission au coursier qui avait été sélectionné pour celle-ci. Un humain. Il n'avait pas eu l'occasion d'en croiser beaucoup, leur arrivée était récente sur Orophée, et ils étaient peu nombreux. Mais leur apparence étrangement similaire à la sienne n'avait fait que soulever des questions qu'il jugeait indésirable. Ces interrogations créaient des interférences dans son système de régulation émotionnel, augmentant un risque d'instabilité logicielle dont il se serait bien passé.

- Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? Je n'ai pas besoin d'une escorte, je sais encore ce que je fais.

La remarque de l'humain tira un sourire faussement aimable au tholel face à lui, qui lui répondit d'un ton calme, mais qui ne souffrait aucune discussion.

- Absolument nécessaire. Comprenez que ce colis est d'importance capitale aux yeux de notre... entreprise... et que nous ne voudrions pas qu'il tombe entre les mauvaises mains. T0 sera là à la fois pour assurer votre sécurité au cas où quelqu'un cherche à vous intercepter, mais aussi pour... attester de votre... fiabilité.

T0 pris de note de l'ordre tacite. Si l'humain dérogeait à ses instructions ou tâchait de s'enfuir avec le paquet, il était chargé de l'éliminer.

- Maintenant, à moins que vous n'ayez d'autres questions, mettez vous en route. Votre payement sera effectué une fois le paquet livré.

Pas vraiment le temps de répondre quoi que ce soit qu'on me pousse déjà vers la sortie. Dans mon sillage, l'androïde d'escorte me sert d'ombre et lorsque les portes se referment sur mon cul blanc d'humain, j'expulse un profond soupir. - Ils le savent tes employeurs que t'envoyer avec moi ça attirera plus l'attention que si je suis seul? - Non, parce que, quand on y pense, moi je suis un inconnu. Humain, certes, mais c'est tout. Lui en revanche, s'il bosse pour eux depuis un moment, il n'est pas personne. Et son visage est certainement difficile à oublier... sauf s'ils sont tous morts?

Puis en plus, à quoi je sers, moi, s'il est là aussi? Autant l'envoyer lui, seul, avec leur colis si précieux. Enfin, ça, je ne le dis pas. Ce serait un coup à me faire buter pour être superflu, et mon instinct de survie est intact. Précautionneux, je fourre la petite boite dans mon sac, et remet le sac sur mon dos. Au moins, ce n'est pas lourd. Qu'est-ce que ça aurait été autrement... - Pas de transports en commun, c'est ça? - N'ayant pas vraiment eu l'occasion de discuter à l'intérieur, me voilà forcé d'établir les instructions avec le robot. - Est-ce qu'on a un délai à respecter? - De cette réponse découlera notre trajet. Long? Court? Sûr ou moins fiable? À pieds? Peut-être voler une voiture? Quoi que ça attirerait l'attention, mais si nous manquons de temps... Bref, écoutant ce qu'il a à dire, je me mets déjà en marche.

- Ils le savent tes employeurs que t'envoyer avec moi ça attirera plus l'attention que si je suis seul?

Ils venaient de sortir du bâtiment où avait eu lieu leur briefing, et déjà le coursier trouvait à critiquer la manière dont le Ken'Rah souhaitait voir se dérouler la mission. Il posa deux longues secondes son regard jaune sur l'humain avant de se mettre en marche, pour au moins s'éloigner un peu de leur point de départ.

- Je n'ai pas pour habitude d'attirer l'attention. Ca ne posera pas de problème.

Et il ne s'agissait pas de ses employeurs, mais de ses propriétaires. Il conserva néanmoins cette information pour lui, ne jugeant pas nécessaire de la communiquer à celui qu'il accompagnait. Il allait devoir gagner sa confiance et celle du Ken'Rah, c'était l'objectif même de ce contrat. Livraison simple, bien que l'objet soit réellement de valeur, évaluation du coursier par ses soins, élimination au besoin. Il fournirait ensuite un rapport détaillé sur la capacité de l'humain à continuer ou non de travailler pour eux quand ils en avaient besoin.

Deux autres question. L'androïde s'interrompit dans les quelques pas qu'il avait entamé pour se retourner vers l'humain et lui répondre.

- Pas de transport en commun, pas de limite de temps. Le paquet doit être livré en parfait état. Je suis garant qu'il ne lui arrive rien. Pour le reste, vous êtes responsable de vos choix. Je me plierai à vos décision tant que celles-ci ne me semblent pas aller à l'encontre du bon déroulement de la livraison ou de mes ordres personnels. Autre chose ?

Il n'a pour habitude d'attirer l'attention... S'est-il seulement regardé? Quoi que dans un monde pareil, peut-être passe-t-il effectivement inaperçu. Après tout, il y a tant de races diverses et variées qu'un type avec des bandes sur la face doit sembler basique. Moi je suis un être humain, une célébrité temporaire sur Orophée vu qu'on vient de nous relâché dans les rues. Parfois ça attire l'attention, mais on nous prend souvent pour des imbéciles incultes des lieux. Ça joue souvent en ma faveur, je dois dire. J'ai su m'adapter très vite, alors je peux m'en servir à mon compte. Toujours utile de paraître crédule. Les gens ont pitié.

Mon escorte me résume les conditions du trajet et tout me parait plutôt libre en soit. Et simple. Peu importe le temps que ça prend, du moment que le paquet arrive intact à destination, c'est bon. Rien de bien inhabituel, à part peut-être la menace de mort qui l'accompagne, mais je le vis plutôt bien, bizarrement. - Une chose, avant de démarrer: tu as un nom? Ou je dois t’appeler T0? - Il faut admettre qu'énoncer des lettres et des chiffres, c'est pas top. Et puis c'est long. Deux mots à prononcer à chaque fois. Mais aussitôt sa réponse donnée, j’enchaîne. - Soit. Allons-y

On a le temps et on doit éviter la surveillance, donc autant marcher. Vu notre destination, à rythme régulier et avec une pause pour la nuit, on devrait arriver sur place demain en fin de matinée. - Dis-je en poussant la porte qui nous ramène dans le hall du piteux bâtiment dans lequel nous nous trouvons. - J'espère qu'une longue randonnée ne te fait pas peur. On est pas tous fais pour ce genre d'effort d’endurance. - Certains peuvent courir des kilomètres sans perdre leur souffle, mais vite déchanter s'ils doivent marcher. Personnellement, je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup courir depuis que je suis arrivé à la surface, mais je sais que je peux marcher sans arrêt et ne pas souffrir. Dans ma main à plat, une petite sphère blanche projette une carte holographique au-dessus de ma paume, me montrant la route à suivre. - Par là.

- T0-8Y. C'est mon nom. Je n'ai besoin de rien d'autre.

Il essaya de fouiller sa mémoire, à la recherche d'autre chose... Son processeur ne lui retourna qu'un code d'erreur.

« I̸̳͂n̷̯͛f̴͔̅ǫ̶̈́ṟ̴̈́ḿ̷͎a̸̳͛ṫ̵̹i̷͎̚o̶̘͘n̵̢̾ ̴̲͒m̸͍̄à̸̭n̴̩̅q̶̺́u̸͉̅â̶̮n̵͕̽t̸̥̊e̸̢͘ »

Peu importe. Lettres et chiffres lui étaient suffisants. Il n'avait pas besoin de plus pour être efficace, et mener à bien ses missions.

L'humain se mit finalement en route, lui expliquant comment il comptait procéder. Il ne prit pas spécialement la peine d'écouter. Il se contenterait de télécharger les souvenirs stockés dans la mémoire auxiliaire en guise de rapport, qui ne serait ainsi pas biaisé par ses impressions personnelles.

Son attention ne se recentra vers l'autre que lorsqu'il lui adressa directement la parole, et un check-up de ses réserve d'énergie apporta rapidement une réponse à la question indirecte qui lui était adressée.

- Ça ira. Il faudra juste que l'endroit où on passe la nuit soit équipé pour que je me recharge.

Pas qu'il en ai vraiment besoin, ses batteries pouvaient tenir un minimum de deux jours tant qu'il prenait soin de la partie organique. Mais il préférait ne pas prendre de risque, et rester prêt à parer toute éventualité d’événement indésirables.

Il emboîta le pas du coursier, le suivant de près alors que celui-ci se faufilait dans les ruelles d'Orophées, loin des grands axes bruyant où grouillaient habitants, véhicules et potentiellement agents des forces de l'ordre et dispositifs de sécurité.

Ça ira. Il faudra juste que l'endroit où on passe la nuit soit équipé pour que je me recharge. - Calculer la distance parcourue en fonction du temps de trajet estimées en comptant notre rythme moyen, notre mode de transport et... Non. Le calcul mental, c'est pas mon truc. - Ça devrait pas poser de problème. Tous les établissements ou presque ont une prise. - En tout cas, dans tout ceux que j'ai pu tester, j'en ai toujours vu une.

Je me demande où est la sienne, d'ailleurs... Bref, concentrons-nous.

Une chose est sûre, nous n'évoluons pas dans les quartiers les plus agréables de la ville. Les gens s'entassent. Les appartements ressemblent à des boites en métal... parce que c'est ce qu'elles sont. Gain de place, pas de confort, ça c'est certain. Et je sais de quoi je parle, je vis dans l'une d'elle. On nous a relâché, mais on ne nous a pas vraiment relogé. J'ai la chance de m'être vite rendu utile au point de pouvoir me payer mon coin de crasse, mais la plupart de mes congénères sont encore dans les rues.

Les jambes chauffent, les heures défilent. Je me demande si ses jambes aussi chauffent comme les miennes. Nous avons fait trois pauses,de quelques minutes chacune. Pas assez pour véritablement perdre du temps, mais suffisamment pour ne pas souffrir. Boire, pisser, acheter un truc à grignoter, mais manger en marchant. Je sais que nous avons le temps, mais le plus vite je suis débarrassé de cette mission, le plus vite je m'évite les menaces de morts ou la présence du robot. Faut dire qu'il n'est pas super bavard. Ni agréable.

Lorsque nous arrivons dans cette rue, le ciel s'est quelque peu assombrit. Oh, bien sûr, il est toujours un peu épais, la joie de la pollution, mais la nuit arrive. On a du temps, mais elle arrive. Le paquet est toujours à l'abris dans ma poche et j'assure la prise sur mon sac par simple automatisme. Après les avenues passantes et les marcher étouffant de monde, cette rue parait bien plus calme. C'est agréable. Machinalement, je tourne la tête vers T0. Je dois dire qu'il a été difficile à décrypter durant tout ce temps, mais bizarrement, là, je vois quelque chose dans son regard. - Quoi?

Son regard s'était arrêté sur l'angle que formait une ruelle perpendiculaire à celle à laquelle ils se trouvaient. Un angle baigné d'ombre contre lequel était adossée une silhouette qui aurait presque pu passer inaperçue...

> Scan de la zone..... Résultat : Multiples individus dissimulés.
> Calcul..... Résultat : 4 individus.
> Analyse langage corporel..... Résultat : Agressif.
> Scan équipement de la cible..... Résultat : Potentiellement armée.
> Évaluation du risque d'attaque..... Résultat : 93%
> Traitement..... Mesure préconisée : Oblitération.

Il tendit le bras en direction de Darren, sa paume au niveau du plexus de celui-ci pour le pousser légèrement en arrière, alors que son autre main se refermait sur la crosse de son arme, toujours dans son holster.

- Danger.

La silhouette un peu plus loin se détacha du mur, tournant au coin de la rue pour disparaître à leur vue. T0 resta parfaitement immobile, attentif au moindre mouvement.

Bruit d'une semelle crissant sur le sol. Son de la sécurité d'une arme à feu désenclenchée. Derrière eux.

> Réévaluation du risque d'attaque..... Résultat : 100%
> Mode combat : Enclenché.
> Augmentation de l'alimentation des servomoteurs.....
> Activation des inhibiteur de douleur.....
> Injection dose d'adrénaline......
> Analyse son capté..... Résultat : Position hostile n°1 > 176° ; Distance : 11 mètres.

Son poing se referma sur le t-shirt de Darren. Il dégaina son arme et pivota dans le même mouvement, soulevant l'humain et l’entraînant dans sa rotation sans grande difficulté, avant de relâcher sa prise, envoyant le coursier valser en direction d'une benne à ordure qui pourrait lui servir d'abri.

La première balle le rata de peu, passant à peine un centimètre au dessus de son épaule. Il fit un pas en arrière. Pas besoin d'être discret. Le premier coup avait déjà été tiré, et le son produit aurait tôt fait d'alerter les autorités quoi qu'il arrive. Il pouvait donc lui même faire usage d'armes à feu. Toujours dans le prolongement de son mouvement de rotation, il braqua le canon de sa propre arme sur le Darmah qui lui faisait face, pressa la détente. La balle se logea directement dans la tête de son assaillant, tachant le sol de sang lorsque le corps de celui-ci s'y écrasa lourdement, sans vie.

> Réévaluation du nombre de cibles : 3

Le reste du groupe était sorti de l'autre ruelle, profitant de la diversion offerte par celui qui gisait désormais un peu plus loin. Il lui fallait agir vite. Il pivota à nouveau. Cibler, tirer. Ne pas réfléchir.

> Réévaluation du nombre de cibles : 2

Les projectiles se mirent à pleuvoir, il sauta en direction de la benne derrière laquelle il avait jeté Darren, rejoignant l'humain à couvert.

- Restez là. J'en ai pas pour longtemps.

Une balle ricocha sur l'angle du container métallique leur servant d'abris. Pas moyen de sortir de couvert sans prendre de risque.

- Arkhlan qu'est-ce que tu fous ? Grille-moi les circuits de cet enculé qu'on ait plus qu'à buter l'autre et récupérer le colis !

- Ta gueule, le fusil voulait pas charger. C'est presque bon, donne moi trente secondes.

> Danger. Hostile n°4 possiblement armé d'un fusil à IEM. Probabilité : 74%

Si l'analyse de son processeur s'avérait véridique, il devait agir vite. Une onde IEM le mettrait hors service, le laissant lui et l'humain en situation de faiblesse face à leurs adversaires. En restant en mouvement, il pouvait parvenir à éviter d'être pris pour cible, mais viser devenait alors compliqué. Il lui fallait réussir venir les achever au corps-à-corps.

Il tourna les yeux vers l'humain et lui tendit son arme.

- Gardez-moi ça. Tirez leur dessus en cas de besoin.

Son regard se reporta sur l'autre côté de la chaussée, où un échafaudage de fortune s'appuyait sur le mur d'un des taudis géants qui constituaient le décor de ce coin d'Orophée. Il calcula rapidement une trajectoire d'escalade sûre et rapide, s'élança hors de leur abri. Les balles se remirent immédiatement à pleuvoir, sans parvenir à le toucher. Il fut rapidement de l'autre côté de la ruelle, bondit, suivi le parcours pré-calculé par son processeur et se hissa rapidement à quelques mètres du sol, au sommet de l’échafaudage, hors de portée des deux tireurs.

- C'est chargé ! Je vais le descendre ce connard.

Agir. Vite.

Il s'élança vers le bord de l'échafaudage. Les panneaux de ses avant-bras s'ouvrirent, laissant coulisser deux lames acérées, il sauta, vers les deux tireurs en contrebas. Le fusil était déjà braqué sur lui, et l'onde le cueillit en plein vol. Trop tard, les deux lames trouvèrent leur cible, s'enfonçant dans la cage thoracique des deux agresseurs alors que lui même s'écrasait lourdement au sol.

≯͕͎̐͗͠ ̶̲̗̫̄͛I̴͎̫͕͛̎N̶̯̹͗S̶͍͇̳̝̺̓̂̃̏͘͘͜T̵̯̦͔͐̑̃A̸̢͐͛͒̀̊̊B̸͍͈̟̭̤̠̰̊̈́͊̔I̴͙̣͇̳̅̃͛Ļ̷̢̃͋̌̈́̚I̵̡̱̬͒͂͆Ṭ̸̓̆́̊͑É̸̛̘̆̉̊ ̷̡͎̟̣̮͇̦͑̎S̵̯͌͝Y̴͓̑̈̋͠S̷̼̀͒̉͆̃̉̄Ţ̵̼͓̺̗̏̓̀̀̅̈Ę̷̛̣̗͈̀̐̎̈́̃̍̒M̷̯͇̘̞̐͒̆Ȅ̶̢͙̺̙̃̾̎̒ͅ

Impossible de bouger.

Danger. - Mon regard balaye la rue. Une silhouette attire mon attention, discrète, qui disparaît à l'angle d'un bâtiment. Dans mon dos, des bruits de pas. Je n'ai pourtant pas le temps de me retourner que la main de T0 empoigne mon t-shirt. Je n'ai clairement pas signer pour ce tour de manège, et pourtant, me voilà dans le wagon.

Dans une seule rotation, il m'envoie rouler derrière une benne à ordure tout en logeant une balle dans le crâne du tireur. Et bien sûr, comme on aurait pu s'en douter, les choses dégénères. Je ne vois rien de là où je me trouve, mais pour être honnête, je ne regarde pas vraiment. Mon cœur s'emballe. L'adrénaline pulse. J'ai du mal à tenir en place et chaque coup de feu ma fait bondir. Pourtant, je ne cherche pas à fuir. Je hurle encore moins pour ma vie. Je reste plutôt en place, comme si je pouvais dompter l'adrénaline. Cela dit, à chaque tir, les merdes autour de moi vibrent également. Probablement le son de l'arme.

T0 roule à côté de moi et mon épaule amortie la sienne. - Restez là. J'en ai pas pour longtemps. - Une balle percute l'angle de la benne et je rentre ma tête dans mes épaules. Et pour un gars grand comme moi, c'est un bel exploit. Ça gueule, ça parle d'un fusil. T0 semble calculer autre chose et je fronce les sourcils. Quel fusil? - Gardez-moi ça. Tirez leur dessus en cas de besoin. - Le flingue se retrouver dans ma main avant que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit. Et lui, il traverse la chaussée avant même que je lève la tête.

Mes mains tremblent, mais ce n'est pas de peur. Je n'ai pas vraiment peur. Cela dit, elles reconnaissent la sensation de tenir une arme, ça j'en suis certain. D'un autre côté, je me sais ancien militaire. C'est même l'une des rares choses dont je me souviens, alors je ne suis pas surpris. De là à savoir tirer... - C'est chargé ! Je vais le descendre ce connard.

J'aurais dû tirer. J'aurais dû profiter de la diversion pour les descendre. Au lieu de ça, j'entends un son électronique, puis le bruit de la chair découpée, et enfin celui d'une lourde chute. Et plus rien. Le silence. Un silence total. Est-ce terminé? J'empoigne le flingue, glisse mon doigt sur la gâchette et me redresse avec prudence. Plus rien ne bouge. Plus personne. Les cadavres s’enchaînent, mais T0 est parmi eux. - Fuck!

Le flingue glissé dans ma ceinture, je le rejoins de quelques enjambées. Fusil à IEM, j'aurais dû le deviner. - Tu m'entends? Hey! - Il a l'air. Ses avant-bras sont ouverts, des lames en sortent, plantées dans les cous des deux hommes. Ses yeux sont ouverts, son regard... confus? Je le pousse pour le retourner, les lames s'extirpent des gorges ouvertes. Du sang gicle. Pas sur moi, heureusement. Lui, en revanche, aura besoin d'une lessive. - On peut pas rester là, bordel. - Mon regard balaye à nouveau la ruelle. Dans la distance, j'entends les forces de l'ordre qui approchent. Si je veux éviter d'être embarqué, il me faut agir vite. - Shit, shit, shit, shit, shit... Va falloir m'aider, parce que je peux pas te porter. De quoi t'as besoin? - Le relever ne devrait pas être difficile, mais ensuite? Ensuite quoi?

Ses membres étaient figé, parcouru de légers soubresauts, comme traversés par les résidus d'énergie qui avaient servi à griller ses systèmes, et rapidement, il commença à ressentir les effets liés au dysfonctionnement de ceux-ci. Il le premier des symptômes ne fut que les tremblements qui agitaient son corps sporadiquement, l'absence des régulateurs nerveux et émotionnel ne tardèrent pas à rendre la situation intenable pour lui. Son esprit se mit à fourmiller d'idée, dans un chaos incessant d'émotions qu'il ne parvenait pas à trier, le rendant incapable de réfléchir correctement. Et la douleur commençait à se répandre dans son corps, d'abord au niveau des dégâts causés par la chute mais également rapidement dans l'intégralité de son corps. Comme si chacun de ses membres s'étaient spontanément mis à entrer en fusion. Il tenta de lancer un diagnostique des dommages, sans succès.

> I̷͖̍̓͘N̴̘̻̻̈͠S̵̻̖̯͊̍Ṱ̷̩̔Ä̵̙̯́̆͝B̴̝͚͈̈́̈́͗Ȋ̴̤͝L̷̜̐̃̂I̵̙̝͝Ṭ̷̙̔̈́É̵̳͂̽̄ ̵̟̀̒̐S̴͚̟̕Y̴̤̋͛́ͅS̶̩͖̤̎̽̍T̵͕̅̈́͋È̶̛̫̟̫̚͠M̶̲͒͠ͅȆ̷̟͝

> É̵̩́Č̸̟̣̝͊̄H̷͕̫̾̈́͐E̵̦͒C̷͙͈̾̊ ̸̳͗̾D̷̜̔́́U̸̟͆̀́ ̸̡̳̙̍͑D̷̥́̋̕I̸̖̩͑͝A̶̫̎̄͠Ğ̷̪̉Ǹ̷͙O̸̡͉̺̕͝S̸͎̣̈͌͝T̷̩̱͚͊͘I̶͎̜̲̊̿̚Q̴̲͐ͅU̵̘͎̯̓̂É̸͎̣̌

Un juron sur sa gauche le fit sursauter, et il tenta de forcer ses bras à bouger, en vain. Il aurait probablement réussi à se retourner si ses lames n'étaient pas toujours plantées dans le corps des deux hommes sous lui, mais pour l'heure, le moindre mouvement lui demandait un effort considérable, et la position dans laquelle il se trouvait n'aidait en rien.

- Tu m'entends? Hey!

Le coursier. Dans le brouillard qui obstruait son esprit, il en avait presque oublié la présence de celui-ci, et l'objectif de sa mission... Les mains de l'humain vinrent pousser sur son torse, dégageant les lames des deux cadavres dans lesquelles elles étaient fichées. Le contact du sang poisseux contre son t-shirt le fit frissonner, et il fronça les sourcils face à cette réaction inhabituelle.

- On peut pas rester là, bordel. Shit, shit, shit, shit, shit... Va falloir m'aider, parce que je peux pas te porter. De quoi t'as besoin?

Un poids froid tomba sur ses entrailles, le déstabilisant encore plus. La situation lui échappait complètement, il leur fallait trouver une solution rapidement sans quoi ils ne s'en sortirait pas, et on échouait pas à une mission confiée par le Kan'Rah. Il était bien placé pour le savoir.

Réfléchir, forcer le brouillard cognitif à se dissiper, ne serait-ce qu'un peu, le temps de se mettre en sûreté. Lorsque ses lèvres s'ouvrirent pour le laisser prendre la parole, elle laissèrent passer une voix rauque et tremblante, rendue hachée par la douleur qui le traversait toujours.

- Il y a... Commande manuelle. Dans mon avant bras. Active et rentre manuellement les lames.

Il attendit que l'humain s'exécute, faisant rentrer les lames rétractables à l'intérieur de son avant bras. Les panneaux se refermèrent dans un spasmes difficile, masquant à nouveau les armes qu'elles dissimulaient.

- Ai-aide moi à me relever maintenant. Il... Il faut qu'on s'éloigne. Trouver un endroit calme où rebooter mes systèmes.

Un instant de plus pour parvenir à se souvenir de leur position relative au cœur de la ville.

- Il y a... Un hotel pas loin. Le Tarzian'n. Ils ne poseront pas de questions.

Ses lèvres tremblent avant de finalement s'ouvrir, et le simple fait qu'il puisse me parler est un soulagement en soit. - Il y a... Commande manuelle. Dans mon avant bras. Active et rentre manuellement les lames. - Ni une ni deux, je retrousse ses manches et trouve le panneau sur l'un des avant-bras. Il est discret, mais il est bien là. D'une pression, il coulisse et j'ai accès à un ensemble mécanique déroutant, complexe et pourtant je n'ai pas à chercher bien longtemps. J'actionne la commande et voit les lames se rétracter d'un coup sec. Et une fois le panneau refermé, il ne me laisse pas le temps de poser la moindre question supplémentaire.

Ai-aide moi à me relever maintenant. Il... Il faut qu'on s'éloigne. Trouver un endroit calme où rebooter mes systèmes. - Calme? Avec les sirènes tonitruantes qui se rapprochent à vive allure? S'il à l'air complètement à l'ouest, mon cœur bat, lui, aussi vite que les unités arrivent. - Il y a... Un hotel pas loin. Le Tarzian'n. Ils ne poseront pas de questions. - Trop tard. La capsule débarque. Les capsules. Un gros bloc métallique de la taille d'une grosse voiture, gris, bariolé de blanc. La police locale. Et autour, deux grosses sphères blanches, de la taille de plus petites voitures. Des capsules médicales. - Restez immobiles. Un mouvement, et nous seront forcés de tirer. - Me faire arrêter n'est pas une option. Pas après les mois d'enfermement. Pas tant que je suis en contrat avec le Kan'Rah. Alors j'attrape T0 et le hisse sur ses jambes. Le son d'un canon qui coulisse parvient à mon oreille. Le déclic d'une balle qui s’apprête à être tirée.

---

HA! - Je me réveille en sursaut. Bondis hors du lit. Tombe par terre et me recroqueville entre le mur et le bloc de métal qui sert de sommier. Je suis en sueur, complètement trempé, et les vêtements que je porte en sont imbibés. T-shirt et boxer, voilà pourquoi j'ai froid. Et je ne reconnais pas cet endroit.
Petite pièce sombre. Minuscule, même. Deux lits se font face, en décalés. Seulement le mien a un matelas, fin, posé dessus. Ainsi qu'un coussin si vieux qu'il n'a plus de véritable forme. En face de moi, une porte entrouverte suggère la forme simpliste d'une douche. Sur ma gauche, de l'autre côté du lit, une autre porte semble être la sortie. Enfin, sur ma droite, derrière l'autre lit, une vitre occupe la largeur du mur: soit pas grand chose. Et sur ce lit, une silhouette.

Debout en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me rapproche de lui. Je suis courbaturé au possible, le cœur qui bat à tout rompre, mais je me préoccupe moins de mon corps que du sien. Il est encore couvert de sang. Est-il conscient? Vivant? Arrivé à son niveau, je l'observe de toute ma hauteur, cherche ses blessures. - T0? - Réveillé ou pas... - Est-ce que tu sais comment on est arrivé ici?

> Rebooting Main and Auxiliary Systems......//
> Epsilon OS v3.2 System Recovery Booting.....//
> Processing.......//
> Multiple Damages and Auxiliary Systems Offline //
> Please Report to Your Owner //
> Good Morning Unit T0-8Y //

Ses paupières s'ouvrirent brusquement sur le visage penché au dessus de lui, sans qu'il parvienne tout à fait à faire la mise au point dessus. Son corps lui semblait incroyablement lourd, et il ne parvint qu'à avoir un sursaut isolé en essayant de se redresser.

> Directional and Motion Software Still Rebooting..... Please Remain Still //

Incapable de bouger pour le moment, si la personne au dessus de lui s'avérait être hostile... Il se concentra, tâchant de forcer ses yeux à faire la mise au point, sans succès.

- T0 ? Est-ce que tu sais comment on est arrivé ici ?

Coursier. Darren. Pas de danger. Son programme de récupération acheva de rétablir ses fonctions motrices, et il se redressa d'un coup, manquant de donner un coup de tête à l'humain toujours penché sur lui.

Tâcher de se souvenir, sans sa mémoire auxiliaire pour l'assister, celle-ci étant toujours hors ligne. Mission d'escorte... La rue... L'ambuscade et L'IEM. Les forces de l'ordre étaient arrivées, Darren l'avait soulevé et... Plus rien.

- Emergency shutdown. J'ai été désactivé quand vous m'avez relevé. Mon programme d'auto-diagnostique était hors ligne et a préféré me désactiver pour éviter d'aggraver de potentiels dommages. Je coûte cher à réparer.

Il jeta un coup d’œil autour de lui, avisant la minuscule cellule alors que sa vision normale lui revenait peu à peu. Impossible d'en tirer beaucoup d'information. Les murs lisses et nus de la pièce ne lui rappelait rien, et son processeur d'analyse environmental ne répondait pas, visiblement grillé au vu du code d'erreur qu'il reçu en essayant de l'activer.

- Aucune idée d'où on est donc. Ni de comment on est arrivé là.

Il entrepris de se relever, constatant par là-même qu'il avait subit le même traitement vestimentaire que Darren, ne portant qu'un boxer et son t-shirt toujours imbibé de sang. L'articulation de son coude droit émit un bruit sinistre dans le mouvement.

> Damages Located = LElb_P_03, LElb_P_06, LFA_P_172 //
> Status...... Beyond Repair //

Ses yeux glissèrent vers la zone mentionnée. Un des panneaux de son avant-bras était déformé, donnant l'impression que celui-ci avait été enfoncé vers l'intérieur, et le moindre mouvement entraînait un bruit mêlé de craquements et de grincement, ainsi qu'un certain nombre d'étincelles.

- Mon bras droit est cassé. Je serais moins efficace en cas d'affrontement ou s'il nous faut nous évader. La majorité de mes systèmes auxiliaires sont désactivés ou endommagés, et mes armes m'ont été retirées. J'estime mon efficacité actuelle à 49% de mes capacités normales.