Running across the city. || Ft. T0-8Y

Il allait répondre. Il allait dire quelque chose. Sa voix n'aura jamais atteint le seuil de ses lèvres alors que Kihrsez entre dans la chambre. Ses bras sont chargés de nos vêtements et aussitôt qu'il nous voit, son attitude change. Dans son dos, la porte coulisse, et la chambre parait encore plus petite. Comme si le plafond tombait un peu plus bas, et les plus un peu plus prêts. Il parle. Bien sûr qu'il parle, et T0 se lève. Sa lenteur menaçante le fait passer inaperçu et je réalise qu'il bouge seulement pour me lever en vitesse. Ses yeux sont rouges. Un imbécile comprendrait son état avant d'entendre le ton menaçant de sa voix. Inutile de dire que l'attitude de l'alien ne me surprend pas. Défiant. Arrogant. Stupide et moqueur. Sa voix ne colporte que du vide à mes oreilles. Ses gestes, en revanche, achèvent de tester ma patience.

Une large enjambée suffit à dépasser T0 avant qu'il n'ait le temps d'achever son pas. Kihrsez n'a pas plus l'opportunité de réagir. Mon poing percute son visage dans un son sourd alors que les vêtements propre lui échappent des mains. Ses antennes se rétractent. Son crâne percute le panneau de bois coulissant et rebondit vers moi. La seule raison pour laquelle il ne s'écroule pas, c'est mon avant bras qui écrase sa gorge contre le mur. Son nez relâche un flot de sang rose et son front montre déjà la marque de l'impact. Son regard est vague. Ses jambes peinent à le maintenir. - Listen to me, you dipshit. If I ever see you again with that attitude, you better hope having a freezer around, 'cause you won't have those antennas long enough to see them reacts. - Les antennes avaient commencé à se redéployer. Elles se rétractent à nouveau. - Are we clear? - Ma voix est aussi basse que douce, et tout autant menaçante. Mon bras comprime sa gorge, assez pour appliquer une strangulation inconfortable, mais pas tant qu'il ne puisse pas répondre. Pour autant, aucun son ne sort de ses lèvres. Seulement le regard qui acquiesce, insensiblement.

Now, piss off. - Lâché-je en retirant mon bras. La pression enlevée, il parvient enfin à respirer convenablement, bruyamment, et ses jambes fléchissent avant de rattraper le coup. La porte coulisse alors qu'il pivote déjà. - And don't you dare look back. - Je jurerais voir quelques poils se redresser sur sa nuque alors que je la fixe. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la porte camouflée. Debout au milieu des fringues en vrac, je sens l'hémoglobine rose sécher sur ma peau et me retourne en soupirant. Mon regard croise celui de T0. - What? - Je hausse les épaules. - It's not like I broke something. - Un sourire passe sur mes lèvres. - Except his dignity. - Pas comme s'il ne l'avait pas cherché. Aucun regret ne me torture, en tout cas, lorsque je m'accroupis pour ramasser tout ça. Le tout mélangé, il me faudra quelques secondes pour tout réunir en un beau tas de linge propre sur le lit.

Coup de poing. Choc contre le mur. Clef à la gorge. Il observa Kihrsez se faire maîtriser sans intervenir, restant en retrait alors que l'humain faisait passer son message de manière on ne pouvait plus claire au propriétaire des lieux. Un certaine satisfaction traversa son corps en voyant l'alien se tasser sur lui même face à la menace, et il ne chercha en rien à intervenir, ne laissant pas échapper un seul mot alors que Kihrsez décidait de quitter rapidement la pièce, après avoir été finalement relâché par le coursier. Le porte coulissante se referma, et son regard croisa celui de Darren alors que celui-ci pivotait à nouveau dans sa direction.

- What? It's not like I broke something. Except his dignity.

Il sentit ses lèvres s'étirer, presque imperceptiblement, et se contenta de hausser les épaules avant de se diriger vers les vêtements étalés au sol, récupérant ceux qui lui appartenait, tendant les autres à leur propriétaire.

- I didn't say anything.

S'éloignant de deux pas, il posa ses vêtements sur son lit, le temps de dénouer la serviette qui lui servait toujours de pagne avant de se rhabiller. Boxer, t-shirt, pantalons et chaussettes propres furent rapidement enfilés, et il profita du contact familier du tissu pour sa peau, qui vint dissiper la sensation absurde de vulnérabilité qui l'avait accompagné jusque là.

- We should be able to leave soon. Night fell and if anyone was still following us, they shouldn't be to hard to avoid. Especially since they must've lost our trace by now...

Un sursaut de bleu est venu gêner le orange habituel et mon sourire demeure. Je commence à cerner le code couleur de ses pupilles, et ça, c'est bon signe. Alors, profitant du petit moment de légèreté, tout en ignorant la tension qui joue sur mes doigts, je ramasse les vêtements en évitant de les tâcher du sang de Kihrsez, ce serait con. - That's not mine. - Dis-je en lui tendant le boxer noir. Le mien est noir aussi, mais celui-ci n'est pas le mien. Le mien est encore par terre, d'ailleurs. Au final, tout rassembler prend moins de temps que s'échanger les erreurs. Et une chaussette orpheline n'est jamais bien loin. Seule, justement. T0 prend le côté large du lit pour se changer, je me contente du bout du meuble. Le boxer noir recouvert du jean sombre et stretch, dans lequel je rentre mon t-shirt gris clair. - A shame they didn't invent the self-repair fabric yet. - Le trou dans mon dos laisse passer l'air frais sur ma peau, en tout cas celle qui n'est pas couverte par le pansement. J'enfile ensuite le par-dessus à la poche camouflée, et enfin, ma veste mi-longue. Le tout, tout aussi troué que le t-shirt. Tout ça ne va pas être facile à remplacer.

Un pied avec une chaussette, l'autre non, j'enfile mes chaussures et attend que T0 ait terminé pour m'accroupir face au lit et récupérer le colis. - We should be able to leave soon. Night fell and if anyone was still following us, they shouldn't be to hard to avoid. Especially since they must've lost our trace by now... - We should stay out of the streets, though. Let's not play lady luck again. - Le petit paquet rejoint la poche contre mon abdomen, et je me saisis de mon sac. - I'm better off ground anyway. - Je croise son regard et lui lance un sourire. - Just trust me on that. I'm sure you'll keep up just fine. - Le sac passe autour de ma tête et je l'installe dans mon dos. La lanière croise le pansement et les trous. Au moins, ça couvre un peu.

Nous n'avons pas attendu très longtemps pour quitter les lieux. Malgré mon envie, je me suis refusé à finir le plateau de nourriture. Je savais où nous allions ensuite et j'ai préféré choisir la légèreté à la gourmandise. Au moment voulu, décidé par T0, j'ai frappé deux coups contre la porte qui a coulissé, et nous sommes sortis de notre placard secret. Dans le bar, quelques regards se sont tournés vers nous. Assez longtemps pour être détournés ensuite. Kihrsez le premier, d'ailleurs, le nez remplis de coton pour éponger l’hémorragie. En voilà un qui doit être ravie que l'on parte. Et dehors, l'air tiède des bas quartiers vient paraître frais en comparaison de l'intérieur de ce trou à rats. - Lets go back to the middle level. - Dis-je simplement en prenant la direction de l'ascenseur public. Je n'ai aucune intention de reprendre notre petite conversation écourtée. J'ai dis ce que j'avais à dire. J'ai posé ma question. S'il veut y répondre, il a tout le loisir de le faire et il n'a même pas à l'énoncer à voix haute. Cette réponse n'est pas pour moi. Elle ne l'a jamais été.

Il y a toujours du monde, dans les rues d'Orophée. Une population qui ne dort jamais. Pour autant, la nuit, les espaces grandissent et les ombres gagnent du terrain. La population travailleuse dort. Le reste vaque. Dans les rues, la densité de passants diminue, sans pour autant disparaitre. Ce serait impossible. Cela dit, la nuit nous offre au moins une certaine couverture que le jour nous interdit. Le temps de remonter aux niveaux intermédiaires, nous restons silencieux. Discrets. Ne pas attirer l'attention est l'objectif. Et une fois arrivé, la grille de l'ascenseur crasseux s'ouvre. Je fais un pas sur le sol cimenté et laisse mon regard se balader sur les immeubles alentours avant de fixer un point. - Follow me. - Traversant les quelques usagers, nous rejoignons une ruelle un peu plus loin. Une espèce de faille sombre dans la montagne de métal et de béton, assez large pour passer sans bloquer. Même si mes épaules frôlent les parois. Ce que j'appelle ruelle n'est en fait qu'un espace mort, utilisé pour rejoindre l'avenue suivante même si ce n'est pas son rôle. Elle n'a pas de rôle, mais on lui en a trouvé un. Et entre autre chose, elle sert à solidifier les immeubles qui la délimite, avec une série de barres métalliques transversales.

Did they tell you how I usually work? - Je m'assure que mon sac est bien en place. Étire mes bras et sent quelque chose craquer dans mon dos. - The last one on the roof is a cold toaster. - Lâché-je avant de prendre appui sur l'une des parois pour me propulser vers le haut. Une main saisit l'une des barres pendant que l'élan suffit à rejoindre l'autre mur. Un nouvel appui me repousse plus haut et l'autre main attrape une autre barre. À la force des bras, je me hisse sur les barres et les utilise pour me mettre debout. Ce parcours d'escalade fait environ deux cent mètres. Est-ce que j'ai été bien malin de défier un robot amélioré?

Darren et lui rhabillés, il n'eut plus qu'à enfiler sa veste, et glisser à nouveau son arme dans son holster. Il quittèrent rapidement le bar miteux de Kihrsez, qui leur adressa a peine un regard, et regagnèrent les rues  d'Orophée, grimpant rapidement dans un ascenseur qui les ramena aux niveaux intermédiaires. Le coursier repris les devants, semblant avoir une idée précise du chemin qu'ils allaient suivre, et il le suivi sans poser de question, profitant de l'instant de calme pour faire le vide dans son esprit. Il avait toujours des tonnes de questions sans réponses, mais pour l'heure, il lui fallait rester concentré s'il ne voulait pas commettre plus d'erreur qu'il n'en avait déjà fait depuis le début de leur mission.

Ils se frayèrent sans encombre un chemin à travers la foule noctambule, et leur pas les menèrent rapidement jusqu'à une de ces pseudo-ruelles encombrées d'étais et autres barres de soutènement destinées à consolider les immeubles alentours. Darren s'arrêta là, s'étirant tout en lui demandant si le Kan l'avait informé de sa manière de procéder pour ce genre de travails. La réponse était négative, ses propriétaires ne lui avaient donné aucune information sur l'humain, préférant s'assurer que l'évaluation qu'il fournirait des capacités de celui-ci serait totalement objective. Il n'eut cependant pas le temps de la formuler que Darren lui lançait un défi avant de s'élancer vers les hauteurs, grimpant avec une agilité qui trahissait l'habitude d'une telle tâche.

Il resta immobile un instant, surpris par la tournure des événements, et la provocation de l'humain à son encontre. Puis, relevant la tête vers les hauteurs, il laissa encore s'écouler quelques secondes pendant lesquelles Darren continua de prendre de l'avance, alors qu'il lançait une analyse de la structure, et plusieurs simulations pour en déduire le meilleur trajet à emprunter.

> Trajectory Calculated //
> Commencing Ascension //

Prise d'élan, il fonça en direction du mur. Son pied percuta le béton, lui donnant l'appui nécessaire pour se lancer en direction des premières barres métalliques qui courraient entre les deux immeubles. Ses doigts se refermèrent sur l'une d'elle, et il se hissa dans le même temps. Il était lancé. Ses mouvements d'escalade continuèrent de s’enchaîner, sans aucune hésitation. Son processeur avait déjà établi le chemin parfait à parcourir, il n'avait plus qu'à l'appliquer. Il ne lui fallu que dix secondes pour rattraper l'avance que le coursier avait pris, et cinq de plus pour le dépasser. Il s'arrêta un instant, juste le temps de se tourner vers Darren, à peine un mètre sous lui, et tourna son visage vers celui-ci.

- Hi cold toaster, I'm T0-8Y.

Il n'attendit pas la réponse, continua de grimper, voltigeant à travers les étais vers les hauteurs. Il ne lui fallu au final à peine plus d'une minutes pour parvenir jusqu'au sommet de l'immeuble, et il se hissa sur le bord du toit d'un dernier bond, avant de se retourner pour observer la progression du coursier, désormais loin derrière lui.

Hi cold toaster, I'm T0-8Y. - Jerk. - Lâché-je, en plein effort, alors que ce petit enfoiré joue les escaladeurs professionnels. C'est sûr, j'aurais dû m'y attendre. En fait, je m'attendais surtout à un minimum de fairplay. À l'évidence de son cul robotique qui s'éloigne de mon regard, fairplay ne fait pas partis de ses fonctions. Tant pis. Je continue mon ascension. Une barre après l'autre, une impulsion après l'autre. Lorsque j'atteins les sommets du parcours, j'ai encore tout mon souffle, même si je respire plus fort. Et lui, il m'attend. Tranquillement. - Cheater. - Lâché-je en me hissant sur le rebord où il se tient déjà. - You could at least pretend to catch your breath. - Ajouté-je avant de faire quelques pas sur le toit.

L'air d'ici est un peu plus sain qu'en bas. À peine plus sain. Clairement plus agréable à respirer, et j'en profite. Il fait également plus frais. De peu. Au-dessus de nous, je peux enfin voir le ciel. Un miracle que la pollution ne l'étouffe pas, ou peut-être y a-t-il quelque chose derrière ça aussi. Une chose est sûre, voir les étoiles me rassure. J'ai enfin l'impression de ne plus étouffer. Ça doit d'ailleurs se voir à ma gestuelle. Plus détendu. Plus souple. Plus vif aussi. Et lorsque j'ai fini de souffler, j'ouvre ma main devant moi. - Hey. Bring those blue eyes over here. - Aussitôt, une projection holographique de la ville apparaît au-dessus de ma paume. Elle expose une bonne portion des quartiers qui nous entourent, à l'altitude à laquelle nous nous trouvons. On voit les rues du niveau intermédiaire, mais elles sont bien plus sombres et flous que les toits et les sommets. Il n'y a aucun chemin, en haut. Seulement des toits et des pentes et des fenêtres... Bref, un terrain impraticable. Sauf pour moi. Et certainement pour lui.

Look. - Un tracé blanc se superpose au plan gris et bleu. Malgré quelque ridicules détours, le tracé est relativement droit jusqu'à un point marqué d'une croix rouge. - That's our destination. Et that's our way there. - Aucun chemin. Aucune route. Un tracé droit à travers le vide. - I don't use vehicules, and I rarely go with roads and streets. - Laissant la projection disparaitre, je m'avance au bord opposé du toit sur lequel nous nous tenons. D'ici, il y a trois mètres de vide avant un autre toit en pente, vers une zone plate, un saut de presque deux mètres et une escalade courte de quelques blocs électriques. - Going by the roofs is faster and way safer. - Un sourire passe sur mes lèvres. Le simple fait d'être dans les hauteurs me donne des ailes. - At least, when you know what you're doing. Coming? - Trop tard. Je saute. La chute parait durer une éternité et le toit en pente qui m’accueille, je le descends en glissade jusqu'au plat. Je ne doute pas une seule seconde qu'il soit dans mon sillage. Pas plus qu'il nous faudra un rien de temps pour rejoindre la croix rouge.

Peut-être que ça n'était pas fairplay. Il s'en fichait. Darren lui avait lancé un défi, qu'il en assume les conséquences. L'humain n'était pourtant pas mauvais, au contraire, il grimpait avec une certaine assurance et rapidité. Mais ses capacités ne suffisaient pas à égaler le concentré de technologie qui régissait ses mouvements à lui. C'est donc tout naturellement qu'il arriva avec une confortable avance, faisant mine d'ignorer le ton accusateur du coursier lorsque celui-ci parvint à son tour au sommet, avec une bonne minutes de retard.

Il s'amusait de la situation, et la sensation de cette émotion qu'il n'était pas habitué à ressentir le ramena à la question qui lui avait été posée plus tôt. "Do you really wanna get rebooted?" L'intervention indésirable de Kihrsez l'avait empêché de répondre, avait laissé mourir sur ses lèvres le "non" qu'il s'était apprêté à prononcer. Il ignorait encore où cette nouvelle manière d'envisager son existence allait le mener, mais il espérait pouvoir en tirer parti. La partie la plus compliquée serait de convaincre le Kan que les changements qui s'opéraient dans son fonctionnement ne l'empêcherait pas de remplir son rôle...

- Hey. Bring those blue eyes over here.

Blue?.. Son attention se reporta sur l'humain, et une ligne de code lui confirma ce que celui-ci venait de dire, l'anneau lumineux de son iris avait encore changé de couleur. Il ignorait encore le rôle de celui-ci, le code utilisé pour gérer une interaction aussi simple lui semblait inutilement complexe, et il ne parvenait pas à en comprendre le fonctionnement... Quelques pas suffirent néanmoins à le rapprocher du coursier alors que celui-ci affichait un plan, lui expliquant le trajet qu'il comptait prendre pour les amener jusqu'à leur destination. Il acquiesça en silence.

Une fraction de seconde plus tard, Darren avait fait disparaître l'hologramme et s'élançait déjà vers le toit suivant. Il resta en arrière, observant l'humain décrire une courbe parfaitement calculé, et atterrir avec souplesse précisément où celui-ci l'avait voulu. Le coursier n'était peut-être pas aussi sophistiqué que lui pouvait l'être, mais il devait lui reconnaître une maîtrise certaine de sa discipline, en le regardant ainsi évoluer avec aisance dans cet environnement qui en aurait pourtant ralenti plus d'un.

Ne souhaitant pas se laisser distancer, il fini par lui aussi prendre son élan, et suivre son guide au dessus des toits d'Orophée. Leur free run dura ainsi un long moment, sautant de toits en toits, glissant au dessus des obstacles. Darren semblait parfaitement dans son élément, ne prenant que de maigre pauses à intervalles réguliers pour reprendre son souffle. Au delà de ce détail, il aurait pu progresser avec un double de lui même qu'il n'aurait probablement pas vu grande différence... Un peu plus d'une heure s'était écoulé lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, toujours perchés dans les hauteurs, et visiblement pas pour une simple pause.

Une bonne heure. C'est le temps qu'il aura fallu pour effectuer notre trajet. Un toit après l'autre. Un mur après l'autre. Sauter de là, glisser jusqu'ailleurs. Trois appels de pied et la force des bras pour le reste. Le free run est quelque chose qui me vient naturellement et dans une ville pareille, ça devient vite un atout essentiel. Personne ne surveille les toits. Surtout, personne ne s'en soucis parce que personne n'est supposé y être. Les rues sont pleines à craquer de gens qui marchent et se baladent. Ils obstruent l'espace et ralentissent la cadence. Les hauteurs des rues sont occupées par les véhicules, quand ceux-ci ne sont pas au niveau des piétons. Les toits, eux, sont libres. Les seuls véhicules que l'on peut y croiser se trouvent bien plus haut. Ici, je suis seul dans les airs, et c'est très bien comme ça.

Encore que ce soit, cette nuit, je ne suis pas seul. T0 est avec moi, et je lui ouvre le chemin. Une bonne heure, donc, s'écoule avant que je ne m'immobilise à l'angle d'un bloc électrique. - Là-bas. - Dis-je, essoufflé, en désignant un bâtiment à quelques sauts de là. Le bâtiment en question se trouve à l'extrémité d'une allée et surplombe la masse de béton d'un unique étage. D'ici, on ne voit que lui. D'en bas, il n'est qu'un bâtiment parmi des milliers d'autres. Au-delà, la ville descend d'un niveau en altitude. Nous nous trouvons dans une zone surélevée. - Come on. - Lancé-je tout en m'élançant en avant. Je saute sur le toit suivant, roule et reprends ma course. Un appel de pied sur un mur me donne l'élan nécessaire pour atteindre le toit plus haut qui suit et je me hisse dessus. De là, il me faut contourner la zone par la droite et enchaîner quelques acrobaties le long des murs et toits qui forment notre chemin avant de revenir dans l'alignement de départ. Notre destination. Une complication pour les autres. Un détour de sécurité pour moi, qui rend l'endroit plus sûr.

Carefull here. Watch your step. It's fragile. - La surface de béton de ce toit ci est en fait le plafond de l'appartement en dessous, et il est plutôt court. Le reste est une large verrière, vestige abîmé d'un jardin d'hiver. L'une des vitres du dessus est amovible et je l'ouvre d'un bras tendu. Il suffit alors de se laisser tomber par l'ouverture pour atterrir à l'intérieur.
Si ce bâtiment était autrefois immeuble résidentiel de choix, une série d’événements problématiques l'a rendu inhabitable. Une précaution légale totalement exagérée, puisque l'endroit est parfaitement sûr. Malheureusement, depuis le temps qu'il est à l'abandon, il serait bien plus risqué et cher de le remettre en état, que de le laisser ainsi. Une trouvaille hasardeuse. Merveille fortuite.
La pièce dans laquelle nous nous trouvons est en fait la pièce principale de l'appartement. Elle n'est pas immense, mais elle a l'avantage d'être spacieuse. Pas de murs de cloison, seulement le vide et les quelques aménagements que j'y ai fais.
La cuisine se trouve dans l'angle du fond, agrémentée d'une table ronde abîmée. Un lit occupe l'autre angle, couvert d'une bâche en plastique sous laquelle on devine une couverture rouge et quelques coussins. Sous la verrière, là où nous nous trouvons, nous sommes entourés de vieux pots de fleurs et jardinières dont la terre est aussi sèche que les plantes mortes qui y résident encore. Une section de la face extérieur du jardin d'hiver est uniquement pourvu d'une vieille banquette. Un point d'observation imprenable sur la ville et ses lumières qui se déroule à perte de vue.
Il y a deux portes. L'une d'elle, dans un léger renfoncement, mène au couloir du bâtiment. Impraticable. Un bordel sans nom de gravas et de meubles entassés. L'autre mène à l'unique chambre et la salle de bain avec toilette. La chambre est fichue, incendiée et je ne sais pas pourquoi ni comment. J'ai malgré tout remis la salle de bain en état en tapant dans une conduite d'eau de la ville.

L'ensemble de l'appartement est assez poussiéreux. Tout est vieux et abîmé et les murs sont fissurés par endroit, mais dans l'ensemble, c'est toujours plus propre que la plupart des bouges dans lesquels on aurait pu tomber. - On est en sécurité ici. - Dis-je en m'avançant pour déposer mon sac sur la table. Une seule chaise l'entoure. Vrai que je n'ai jamais pensé avoir de la visite ici. - Je l'ai trouvé durant une livraison. J'ai traversé le plafond. - D'un index pointé, je désigne une plaque de matériaux aggloméré, fixée au dessus du lit. - Y'avait pas encore le lit, à ce moment-là, pour info. - Ajouté-je dans un rire. Une sale chute, ça c'est certain. Je jette un œil à ma montre. Il est encore terriblement tôt. Ou tard? On peut encore se le demander. - C'est un vieil immeuble résidentiel à l'abandon. L'unique issue praticable est celle que l'on a utilisé. Même en bas, c'est un tel foutoir que personne n'ose y squatter. Porte de gauche pour la salle de bain, si besoin. Évite la porte de droite, elle est condamnée.

Avec prudence, pour éviter de soulever la poussière, je plie la bâche de plastique et révèle le lit en-dessous. Un matelas épais, deux places. Trois oreillers, des draps et une couverture digne de ce nom. Je me suis fais chier à amener ça ici, mais ça valait le coup. D'ailleurs, aussitôt la bâche déposée par terre, je me laisse tomber sur le lit dans un râle sonore. - Bordel, ça fait du bien. - Dehors, la nuit fait son oeuvre. On entend des véhicules dans la distance. Un brouhaha incessant, caractéristique d'Orophée jusqu'à preuve du contraire et bientôt, ma respiration. Forte. Calme et régulière. Je me suis endormis comme une merde sans même le réaliser.

Ils avaient rejoint un immeuble, une façade de béton et de métal parmis tant d'autre, qui ne se démarquait pas tellement du reste. Darren les fit entrer par l'une des fenêtre de la verrière qui perçait le toit, et ils atterrirent dans un appartement de taille modeste, aménagé sommairement, mais pas inconfortablement.

- Je l'ai trouvé durant une livraison. J'ai traversé le plafond. Y'avait pas encore le lit, à ce moment-là, pour info. C'est un vieil immeuble résidentiel à l'abandon.

Il laissa son regard courir autour du logement alors que le coursier lui expliquait la disposition des lieux. L'ensemble était abîmé, vétuste et poussiéreux, mais si comme Darren le disait, l'appartement était bien hors du reste du réseau, il s'agissait effectivement d'un atout de taille. Il fit quelques pas autour de la pièce alors que l'humain enlevait la bâche recouvrant le lit, ayant visiblement l'intention de terminer sa nuit en attendant que le matin arrive, et qu'ils puissent enfin livrer le colis qu'il transportaient depuis maintenant un bon moment.

- That's a good hideout. The Kan would make a good use of it, but I guess that wouldn't be too good for you.

Un simple grognement lui répondit, bref, et il se retourna en direction du lit, pour constater que l'humain était déjà à moitié assoupi. Il reprit d'une voix plus basse, pour lui-même.

- Guess that's something else I'll have to keep to myself...

Il resta encore un moment éveillé, après s'être rapproché des fenêtres surplombant la ville, observant le paysage urbain au dehors en tâchant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Puis il finit par verrouillé ses articulations, s'immobilisant en position debout, devant la baie vitrée, avant de mettre ses systèmes en veille et de plonger dans un demi-sommeil qui lui permettait de se reposer un minimum, tout en restant prêt à réagir au moindre danger.

Le feu et la neige. Le sang et la glace. Une main qui glisse sur une paroi blanche. Une vitre sans tain. Une silhouette. Une lumière qui s'allume. Plus de sang. Un tremblement. Le sol qui se dérobe. Je sursaute dans le lit et me retrouve en position assise bien trop vite pour que mon cerveau suive le mouvement. Un vertige me prend et je retombe en arrière. Bouffées de chaleur. Transpiration. Respiration rapide. Mains qui tremblent et mâchoire crispée. Mes poings sont si fermés que j'en ai mal. Mes jambes si froide que j'en frissonne. Ma vessie si pleine qu'elle manque d'exploser. Sous le jardin d'hiver, T0 semble regarder dehors. Semble seulement, pas que je puisse en juger. Au-delà, le ciel commence à s'éclaircir.

Je me fais néanmoins discret en rejoignant la salle de bain. Je connais cet appartement par cœur. Je sais comment ouvrir la porte pour ne pas qu'elle grincer. Le sol étant en ciment, ce n'est pas lui qui me vendra. Aussitôt dans la salle de bain, je me soulage dans un soupir et m'envoie une volée d'eau au visage après m'être lavé les mains. Et une volée suivante, pour mieux me réveiller. Par réflexe, je pose la main sur ma poche ventrale et y sent le colis, toujours bien au chaud. Cette mission sera terminée dans quelques heures, et avec un peu de chance, je ne me traînerais aucun voyou meurtrier ensuite.

Pour l'heure, je reviens plutôt dans la pièce principale et dans l'espace cuisine. T0 n'a pas bougé d'un seul petit cil. Dort-il? Debout? Ce serait l'une des choses les moins surprenantes de ce petit voyage. Je sors d'un placard deux verres emballés de tissu et les places sous la machine. Seule machine véritable de l'endroit. Quelle machine? Sa désignation industrielle est un code trop long pour être mémorisé. Et commercialement, je ne sais pas son nom parce que je l'ai volée. Moi, je l'appelle simplement une machine à café. Parce que c'est ce qu'elle fait, entre autre. Je presse donc un bouton, entend l'une des gélules être percée, et voit le liquide sombre et fumant couler. Son parfum remonte jusqu'à mes narines, réveille les trois neurones qui se baladent dans mon crâne. Et aussitôt le café coulé, j'emporte les verres avec moi.

Sans vraiment forcer, je me retrouve aux côté de T0 dans un silence assez absolu. Je ne le fais pas exprès. J'ai le pas léger, c'est tout. - Good morning sunshine. - Dis-je en approchant. Est-ce que je parlais à T0? Ou est-ce que je parlais du soleil, à l'horizon, qui se lève avec lenteur. Ses rayons commençant à poindre et frapper les bâtiments d'Orophée. Le ciel encore sombre, tirant dangereusement vers le rouge. - Zaphik?

Un sommeil sans rêve. Enfin. Un peu de normalité à laquelle il était habitué après tous les dysfonctionnement qui s'était enchaîné. Ses systèmes en veille, il s'était plongé dans ce semi-endormissement qu'il pouvait programme, pour que la partie organique de son corps se repose pendant que les systèmes mécaniques et informatique surveillaient son environnement sans qu'il en soit parfaitement conscient. Ses articulations s'étaient verrouillées, le maintenant debout dans une position stable sans qu'aucun de ses muscles n'ait besoin de travailler. Il se reposait, purement et simplement, sans avoir à prêter une attention active à quoi que ce soit. Pas de problème extérieur, pas de problème intérieur non plus.

Son système failli le réveiller brusquement en percevant un bruit soudain, mais analysa ce dernier comme non dangereux, et il revint à lui tranquillement à la place, ses systèmes dormants se réactivant un par un alors qu'il glissait lentement hors de l'inconscience. Bruit de chasse d'eau, de canalisation, puis celui d'une de ces machines à boissons diverses, activée à remplir un verre, et enfin de quelques pas dans sa direction, à peine perceptibles. Il ouvrit les yeux au moment où Darren prenait la parole, tout en venant se tenir à côté de lui.

Il ne répondit pas à la première phrase, parce qu'il ne savait pas si elle s'adressait vraiment à lui, parce que si c'était le cas, il n'avait aucune idée de comment le prendre, de comment répondre. ¨Parce qu'en face de lui le soleil était en train de se lever, et d'embraser le contour des bâtiments d'une aura dorée. Parce que la tranquillité de l'ensemble lui inspira un sentiment terrible, doux-amer, une énième sensation qu'il fut incapable de nommer. Parce qu'il lui sembla un instant qu'il était vivant, pas juste un agglomérat complexe de chair et de métal destiné à obéir...

- Zaphik?

Il cligna des yeux, bleu, tourna la tête vers le coursier, s'arrachant à sa contemplation de l'aube, et l'observa de longues secondes sans répondre. Peau humide, une goutte minuscule résistait tant bien que mal à la gravité à l'angle de la mâchoire de l'humain, s'agrippant à la barbe naissante de celui-ci. Quelques mèches des cheveux blonds tombaient un peu plus bas que les autres, elles aussi alourdies d'eau... Il y avait quelques chose d'étrange à observer l'humain. Il avait déjà soulevé l'étrangeté de leur ressemblance physique, mais au delà de ça... Nouveau clignement d’œil, son attention se reporta sur son horloge interne. Neuf secondes. Il n'avait toujours pas répondu à la question.

- Yeah. Thanks.

Sa main se referma sur le verre que lui tendait Darren, et il se tourna à nouveau vers l'extérieur, se perdant dans la contemplation de la ville qui glissait peu à peu dans la lumière solaire, pour les quartiers les plus élevés, tandis que les bas-fond restait dans l'ombre phosphorescente que perçaient une infinité de néons.

- I don't want to be rebooted.

Il avait tourné et retourné la question dans tous les sens, et même si la logique aurait voulu qu'il accepte son sort, pour être sûr de continuer à être l'androïde parfait comme on l'attendait de lui, il ne pouvait simplement pas s'y résoudre.

- The simple fact that I don't is a proof that I should be but... I just...

Ses lèvres se refermèrent, et il serra un peu la mâchoire, avant de porter l'infusion à ses lèvres et d'en tirer quelques gorgées.

- ...I just don't want to.

Yeah. Thanks. - Il en aura mis du temps à réagir. A-t-il le réveil difficile, lui aussi? Je lui donne son verre et garde le mien, entre mes deux mains. Sa chaleur irradie, un peu trop forte pour ma peau même si je prends sur moi. Le parfum de l'infusion continue de s'élever dans les airs. C'est encore trop chaud pour que je puisse le boire, mais je peux attendre. Nous avons le temps. - I don't want to be rebooted. - Machinalement, je tourne la tête dans sa direction. Je scrute le profil de son visage. Chaque ligne qui courent sur sa peau. Les cheveux divisés par quelques marques artificielles. Les yeux, bleus, qui fixent l'horizon avec constance.

The simple fact that I don't is a proof that I should be but... I just... - Ses lèvres se ferment. Sa mâchoire se serre. Il est bien trop en forme pour que ses muscles soient camouflés. Je peux voir la crispation avant qu'il ne guide le zaphik à ses lèvres pour en boire une gorgée. - ...I just don't want to. - Une pointe d'excitation. Le rythme cardiaque qui augmente sensiblement. Ce frisson qui remonte et... Fierté? Pourquoi? - If you can make the choice, then you should. - Dis-je en portant le verre à mes lèvres également. Trop chaud. Je me contente de l’arôme qui s'envole. - How... How does it work? Can you hide it from them? - Le Kan, bien sûr. Ses propriétaires. Ses maîtres. Que feraient-ils s'ils réalisaient qu'il est... éveillé? Reboot? Quelque chose de plus permanent?

Au-delà de ces vitres, le soleil se lève. Les rayons embrasent le paysage et déjà le trafic de véhicules volants s’accroît à vu d’œil. En contre-bas, même s'il est difficile de regarder, je sais que la foule grossit. Même si Orophée ne dort jamais, le jour est toujours plus actif. La majorité des habitants sont diurnes. Moi... Moi je me plis à mes livraisons. Parfois de nuit, parfois de jour. Parfois les deux. Parfois j'ai le choix, parfois non, mais ce choix est mien. A-t-il réellement le choix? A-t-il ce luxe? Le lui accordera-t-on? D'une main que je fourre dans ma poche, je ressors la puce électronique que j'ai retiré de derrière son oreille. - Can this help? I can keep it if you think it's safer but you can take it back I guess. It's not mine anyway. - Quoi que vu ce qu'elle lui faisait... Je ne suis pas certain qu'elle soit à lui non plus. - Maybe we can study it and find out what or why or how, or whatever. I mean. You. Someone. - Je bois une gorgée, petite, et me crame le bout de la langue au passage. - If I can help... I'm just a courier, but...

- How... How does it work? Can you hide it from them?

Bonne question, il ignorait s'il était capable de prétendre fonctionner comme avant, si le Kan s'attendait à ce genre de défaillance et saurait la repérer, s'ils voudraient s'assurer qu'il n'avait aucun dommage après son passage chez Se'tev et qu'ils s'apercevraient au cours du diagnostique qu'il était complètement déréglé...

- I don't know.

Trop d'inconnues à l'équation, il détestait ne pas savoir, rester dans le doute, et regrettait presque la veille, quand il se contentait encore de faire ce qu'on lui demandait sans beaucoup plus réfléchir. Dehors, la ville achevait de se réveiller de son demi-sommeil nocturne et se remettait à grouiller d'une activité qui ne mourrait jamais vraiment, se contentant à peine de diminuer entre crépuscule et aube... Il reprit une gorgée de Zaphik.

Darren lui tendit la puce qu'il avait retiré de sa boit crânienne quelques heures plus tôt, lui demandant si celle-ci pouvait servir. Le programme d'urgence destiné à lui effacer la mémoire en cas de surcharge émotionnelle était toujours encodé au sein de celle-ci. Le savoir lui inspirait une certaine répugnance vis-à-vis de l'objet, alors qu'il le considérait encore peu avant comme une part intégrante de lui-même... Rien de tout ça n'avait de sens... Il récupéra tout de même l'objet, le glissant dans une de ses poches, plutôt que de le réinsérer dans le port prévu à cet effet.

- I don't think it can help. I'll have to copy some of the files on a replacement chip though, I'm missing some code up here...

Il fallait qu'il parvienne à récupérer le système d'exploitation contenu sur cette puce, tout en se débarrassant des sous-programmes qu'il savait dorénavant destiné à le rendre docile... La manipulation lui permettrait peut-être de récupérer ses inhibiteur émotionnels, tout en gardant un certain contrôle sur eux, ce qui lui permettrait peut être de faire bonne figure une fois rentré au Kan.

Une vague de fatigue s'abattit soudainement sur lui, le prenant de court. Il avait pourtant, dormi, et ses batteries en avaient encore pour des heures d'autonomie, mais il se sentait épuisé, comme si un poids lui avait été brusquement posé à l'arrière de sa nuque, se répartissant lourdement sur ses épaules. Il se retourna et fit quelques pas vers la cuisine pour poser son verre sur la table, laissant Darren seul sous le jardin d'hiver.

- Be right back.

Abandonnant sa boisson à refroidir, il s'éloigna en direction de la chambre abandonnée, rejoignant la salle d'eau. Il se soulagea rapidement, avant de tirer la chasse et d'aller nettoyer ses mains. Le miroir au dessus du lavabo lui renvoya son regard, violet, et le reflet des muscles crispés de sa mâchoire. Cette mission n'en finissait plus. Le colis, l'attaque dans la ruelle, l'hôtel, Se'tev Kal, la douleur des réparations, la sensation de sa lame transperçant le crâne de l'alien, la colère de Darren... Et puis, hôtel à nouveau, nouvelle poursuite, fuite, la planque chez Kihrsez, et pour clore le tout, ce montée de... D'émotions. Comme une vague inarrêtable qui s'était emparée de lui, avant que son propre système ne tente de tout effacer.

Épuisé. Dans le reflet de la glace, son visage se crispa un peu plus, et une première larme vint couler sur sa joue gauche, sans qu'il puisse rien y faire.