un chanteur sachant guider (Flashback)

Je salue l'argument du mage d'un discret signe de tête, mais je ne suis pas sure que Léa la mule l'entendra de cette oreille. C'est pas comme si elle était déjà comme ça enfant. La capuche sur les épaules, je reste concentrée sur Ingrava, l'aider à s'emparer du lapin (auquel il faut bien enlever le pyjama et le reste si on veut le manger) et du sac rempli de courses que j'aimerai qu'elle aille poser à la cave.

La remarque de Khelan me fait tourner la tête vers lui. Sérieusement, déjà? La plupart des gens mettraient un peu plus de temps à tiquer, d'abord parce que, étant plus petite, mes yeux sont plus difficiles à voir, et ensuite à cause d'un biais de logique humaine, le même qui fait que Susanna, la serveuse de l'auberge du candelâtre a éclaté de rire quand, après le meurtre de Nilsine Brise bouclier, sa patronne a proposé qu'elle rentre plus tôt. Une impression que le "mal" frappera toujours à côté. Je suis loin d'être le mal. Mais les gens se convainquent généralement que je suis une petite fille normale plutôt que de m'imaginer au dessus d'eux dans la chaine alimentaire, et je ne peux leur reprocher. Le fait qu'il y aie penser me fait dire que lui, par contre, n'est pas soumis à ce bief. Et est donc potentiellement plus éprouvé et méfiant. Et dangereux. Le mouvement brusque dans mon champs de vision attire mon attention. Amadeus lui, il s'y attendait pas, donc. Et il contrôle moins sa tension que son partenaire, j'ai l'impression d'entendre son cœur battre plus fort et plus vite.

En attendant on m'a posé une question. Et j'y réponds d'un crachat dédaigneux à son allusion.

Je suis une chasseresse, pas une Volkihar!

Oui, je me sens insultée, et non, je n'aime pas ces prétentieux qui se croient meilleurs que tout parce qu'ils kidnappent des humains pour les boire petit à petit. Je préfère presque les vampires de la tanière d'eaurouge, qui ont la décence de ne pas tuer tous les accrocs qui passent par chez eux... Bref. Pendant que je parle, ma famille n'est pas restée inactive. Idolric à reculé doucement, s'écartant de l'épéiste. Et Léa a fait signe à Ingrava de la rejoindre, elle aussi s'écartant pour ne pas être prise à partie, reprenant la fourche et faisant passer sa fille derrière elle. Je reprends donc la parole, sans avoir bougé de ma place, un moyen de les garder concentrés sur moi, ma fronde (déchargée) toujours à ma main, et non sur les 3 humains sous ma protection.

Il y a suffisamment de tanières d'animaux, de voyageurs sur les routes et en ce moment, de patrouilles et de sentinelles inattentives pour que je chasse à ma guise sans avoir besoin de recourir à des pièges aussi grossiers et impolis.

Oui, c'est important, la politesse. J'suis ptet qu'une paysanne (oui, bon, je sais, la preuve en est, quand je veux parler sans accent, je peux), mais j'ai été bien élevée, dans le respect des traditions, et notamment de l'hospitalité! Je ne me suis pas rendue compte que j'ai "naturellement" repris mon accent natif de Skingrad (enfin, par là, à peu près, d'après un impérial croisé à l'académie de fortd'hiver), comme à chaque fois que je suis en colère. Mais il tranche bien avec l'accent plus profondément nordique de ma petite nièce.

D'façon, l'annonce, e'y est depuis avant qu'Effie soit v'nue aider. Et l'mur y va pas s'remettre seul! Allez, Ing, donne moi c'lapin, qu'j'en fasse un ragout. Idol, ramène moi du pain et des oeufs. Effie, va leur montrer ousqu'y dormiront, s'ils restent!

Je ne sais pas comment fait Léa pour être aussi fine, avec ses gros sabots. La fourche dans la main, elle arrache quasiment le lapin des mains de sa fille, et la pousse vers la maison, me laissant donc seule avec les deux hommes.

Donc, vous restez ou pas? Vous n'avez rien à craindre de moi... Sauf si vous estimez que "réconforter" mes nièces en l'absence de leur mari et père est dans votre devoir...

Oui, non, je suis mignonne, mais bon, moi aussi je pourrais me méfier d'eux, hein. Donc autant remettre les pendules à l'heure, les méfiances à plat qu'on puisse tous s'entendre dans la joie et la bonne humeur!
 

Non en effet, elles n'ont pas besoin qu'on les réconforte. Et je ne réponds au 'on est pas des monstres' d'un haussement d'épaule. Le 'monstre' c'est moi, c'est les trolls, c'est les loups garou (encore que je sais toujours pas si c'est du folklore ou pas), bref. Mais les humains niveau conneries? Ils sont forts. Je crois que c'était à l'académie, une fois, un professeur de guérison qui discertait sur les differences entre espèces animales. Et qui expliquait que l'humain était le seul capable de tuer une femelle gestante de sa propre espèce. Autant dire que non je m'excuserai pas de l'insinuation (et de la menace qui va avec). Et sachant que les vampires sont des humains à la base, je ne me fais pas d'illusions sur ma race non plus.

Éviter les faux semblants ? Mon accent habituel ? Ben. Je suis pas tout à fait sûre de savoir de quoi il cause, et mon regard interrogatif n'est pas feint. Autant l'ignorer du coup, surtout que l'autre parle de cyrodil, ou je suis jamais allée. Enfin si mais pas assez bas pour en voir la cité impériale. Du coup j'hausse les épaules et leur tourne visiblement le dos pour les guider vers la grange.

V'z'avez l'hôbitude des vampires, vous. Mais v'zêtes pô un vigile.

Je parle à l'épeiste, et oui j'ai repris l'accent de ma mère . Évidement que c'est pas un vigile de Stendar. Il aurait déjà essayé de me passer au fil de l'épée. Qu'il garde extérieurement son sang froid c'est une chose. Mais j'entends son cœur et comparativement à celui de son compagnon il est calme, tranquille. Plus proche de celui de mes neveux et nièces que d'un quidam normal.

La grange à un mur croulé, mais on a assez de fourrures pour vous y mettre au chaud. J'imagine qu'v'voudrez pas dormir à la cave, d'facon, mais si ça va pas, on vous collera devant la cheminé quand Léa aura fini d'cuisiner.

Oui la cave, c'est juste a côté de ma chambre. Et la grange, ben c'est la que le mur est cassé donc autant on peut y aménager un chouette nid dans la paille autant quand y a blizzard... Mais bon comme ça ils verront ce qu'il y a à réparer. Je les guide donc vers le bâtiment, leur tournant visiblement le dos et les 3 poules et leurs poussins s'egayant devant mon arrivée. Le mur écroulé est partiellement obstrué par des planches posées à la va vite pour protéger de la neige plus que du vent. Il y en a quand même qui est passé, formant un tas poudreux au sol d'une des stalles. Sur le mur entre les deux stalles on a installé tout ce qu'on avait de couvertures en laines, gardant les fourrures pour les humains. Elles sentent plus fort, mais bon. Contre le mur, a l'opposé de la brèche, il y a une échelle vers une mezannine au plafond bas, remplie de foin, qui a régulièrement abrite des voyageurs... Ou les parents de Léa le temps d'une sieste.

Honnêtement c'pas le palais bleu, mais on y dort pas trop mal. Quelques fourrures et vous s'rez comme des coqs en pâte, qu'est ce qu'vous en dites ?

Et puis avec une vue sur le mur à réparer ils seront peut être 'encouragés' à réparer plus vite. Enfin façon de parler. Après si ça leur convient pas... Juste laisser quelques minutes à Léa et les enfants pour cacher quelques trucs et pas être dans les pattes d'une Léa qui cuisine ça l'énerve et c'est pas bon pour le... Ou les ? Gosses.
 

Je ne réponds pas au commentaire sur les vigiles, même si je le partage d'autant plus que je suis sûre que certains vampires sont d'anciens vigiles. Après tout n'ont ils pas plus de chances d'être infectés par la sanguinaire ? Je ne crois pas avoir demandé à être une vampire, je me dit que je ne vois pas pourquoi je devrais mourir juste parce que des types qui me connaissent pas ont décidé que.

Apparemment, la grange ça leur va à tous les deux. C'est sur que comparé à un feu de camps qu'il faut recharger plusieurs fois dans la nuit, une tente et un couchage (ou pire une tente et deux couchages), la grange c'est le luxe. Est-ce qu'on a les matériaux ? Des erreurs de construction ? J'en doute. Et un sort de guérison.

J'avoue l'école de guerison, c'est pas ma tasse de thé. C'est quand même un peu conçu pour m'être douloureux, ou inefficace sur moi au mieux. Honnêtement sans le sourire j'aurais pas compris que c'était une blague. Moi je connais bien la conjuration, notamment les sorts et enchantements nécessaires à la création de gemmes spirituelles, qui se vendent toujours très bien d'ailleurs, et d'illusion. Rien d'utile donc.

Y a po un sort de pierre en alitération ? V'pourriez ptet le lancer pour la nuit sur les planches pour être encore mieux?

Comment ça ça marche pas comme ça ? J'en sais rien moi ! C'est pas un sort qui m'est utile, donc... Je passe la main sur le pilier, au dessus du sac de Khelan. Il y a plein d'anciennes marques dans le bois, simples petits traits en colonnes, surmontés d'initiales. Et une ligne, juste à hauteur de mon crâne, avec mon nom. Ben oui, moi je grandis pas, contrairement à mes neveux et nièces, qui tous, évidement ont dépassé avec le temps ma ligne. Enfin presque. Certaines colonnes se sont interrompues plus tôt, maladie ou accidents stupides. En tout cas, l'ancienneté des premières marques et leur nombre ne laissent pas de doute: ce pilier est la depuis longtemps...

Pas eu d'malfacon. C'est Leigh' qu'à construit la grange, et y avait jamais eu d'problème. Jusqu'ce jour. Léa m'a dit y avait eu des fioles alchimiques dans l'histoire.

Que je ne connais pas j'étais pas là. Les pas dans la neige lourds me préviennent de l'arrivée de mon neveu, chargé de fourrures. Pas les plus belles, évidement, mais de quoi réchauffer un peu nos invités.

Ma mère vous dit qu'on mange dans une heure. Et e't' fait un bol d'soupe, effie. C'est à cause d'un alchimiste de passage. J'ui avait dit que l'cheval il était trop agité pour rester dans l'étable. Surtout avec son mait' pas là, mal debourre et l'troll qui beuglait sous le vent. Y a paniqué, à rué, tous les flacons sont tombes et plein le mur. Et c't'enfoire de breton qui voulait qu'on rembourse les dégâts ! Et le lendemain, on a vu l'mur s'écrouler comme ça d'un coup, et les pierres dévaler par terre ! L'voisin à dit qu'y fallait élargir l'trou pour pas qu'y reste du mortier pourri, mais pour reconstruire...

Idolric essaie, hein ? D'adoucir son accent et de parler distinctement pour aider les deux hommes à le comprendre. Mais c'est pas gagné, d'autant plus que ça se sent qu'il est encore en colère. Les fioles devaient contenir un genre d'acide, peut être dérive du venin de chaurus, qui aura rongé le mortier. Le problème étant que les enfants et Léa étant déjà débordés par les autres travaux de la ferme, ils ne pouvaient pas rebâtir un mur. Et moi c'est hors de mes compétences. Accessoirement j'ai rien écouté de l'histoire. J'me suis arrêtée à 'elle te fait un bol'. A savoir le sang du lapin qu'elle n'aura pas utilisé dans son ragoût, avec de l'eau ou du bouillon, rien de très nourrissant mais ça me permet de manger en famille et ça ça n'a pas de prix. Résultat j'ai un sourire jusqu'aux oreilles, digne de mon apparence, alors que je commence à monter les fourrures ver la mezzanine. Soupe ♪ soupe ♪ soupe ♫ que je fredonne.
 

Une semaine et un jour. Pendant cette semaine, je vois, finalement assez peu les deux hommes, occupée entre les travaux de la ferme (je me suis réservée les plus gros, laissant le reste à mes neveux et nièces) et mes chasses nocturnes (parce que oui, non, toucher à des invités serait une sacrée grosse impolitesse, et puis bon, ça fait deux bouches en plus à nourrir). C'est aussi une préférence par rapport au mage que je sens plus nerveux. Les mots n'ont pas autant de valeur que les actes, et je ne crois pas que quiconque serait rassuré par un serment de non agression, donc autant leur démontrer que je n'ai définitivement pas besoin d'eux pour me nourrir (même si je ne suis pas sure qu'ils aient apprécié la viande de loup grillée aux racines d'hiver)

Par une prudente correction, Léa et moi avons gardé, dans un premier temps, les enfants éloignés des travailleurs durant la journée, à la fois pour qu'ils ne soient pas dans leur pattes, et aussi pour éviter des discussions malvenues. Sauf aux repas pris en communs, ou bien sur, ils ont questionné les deux hommes sur leurs voyages avec des étoiles dans les yeux. J'ai volontairement coupé court aux tentatives de discussions plus "politiques" sur la guerre et les sombrages, ne serait-ce que parce que ça n'amène rien de bon, mais ça n'a pas empêché Idolric de s'imaginer en tueur de dragons ou en fier soldat, là où Ingrava à plutôt ciblé le mage, rêvant de bardes, de belles robes et autres. Je laisse faire, tant qu'ils s'y croient pas trop, après tout ce sont des enfants.

Lorsque les hommes repartent, les poches alourdies d'une bourse sonnante, et d'un manteau de fourrure, petit "bonus" pour leur travail, le mur a retrouvé sa solidité, et Léa est plus reposée. Je resterai, pour ma part jusqu'à la délivrance, mais elle n'est pas assez proche pour qu'on aie besoin de garder le mage guérisseur plus longtemps. Et c'est avec une grave poignée de main qu'Idolric les remercie en jouant son rôle "d'homme de la maison", avant que je ne les raccompagne vers la grand route. Je crois que la confiance s'est crée pendant cette semaine.